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 Vers l'abysse [Solo|Interlude M2-M3]
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Nathanaël
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Nathanaël
Nathanaël
Grade : As
P$ : 2 000
Points d'exploration : 1570 PE
Points de malhonnêteté : 0 PM
PF : 2421
Masculin Age : 24
Localisation : Foyer de la CEA

Feuille de personnage
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MessageSujet: Vers l'abysse [Solo|Interlude M2-M3]   Vers l'abysse [Solo|Interlude M2-M3] EmptyJeu 9 Fév - 23:19
« Toujours pas décidé à me dire ce qui t’es arrivé ? » murmura la Guérilande tandis qu’elle s’assurait que le pansement sur la lacération de la poitrine de Nathanaël tenait. « C’est tout de même la seconde fois en deux nuits que tu viens nous voir. » Il ne répondit pas, détournant le regard bien qu’elle essayât à plusieurs reprises de l’observer droit dans les yeux, comme si elle espérait y trouver la vérité. Lui fixait le soleil qui déclinait par la fenêtre, plongeant sous terre dans un océan doré. Bah. Rien à faire. J’ai eu mon payement et même un petit supplément pour avoir géré la majorité de l’Armaldo. Je me fiche bien de ce qu’elle peut penser. Elle et n’importe qui, d’ailleurs.

Le Chenipan, aidé d’une sorte de papillon aux ailes blanches et mauves qui s’appelait Papilusion, l’avait ramené en dehors du donjon puis jusqu’à l’infirmerie. Là, il l’avait veillé jusqu’à ce qu’il ouvre de nouveau les yeux. Il l’avait remercié chaleureusement, parce qu’il avait accompli sa mission avec succès, avait protégé lui et son frère, et avait même permis au Chrysacier « d’évoluer ». Sans réellement comprendre tant il parlait vite, Nathanaël s’était contenté d’accepter l’argent qu’il lui tendait sans davantage l’écouter, et le petit insecte était reparti plus ravi que jamais. De son côté, il était surtout satisfait de s’en être tiré vivant malgré le maigre pécule obtenu.

Cette nuit au moins, il n’avait pas de voisin à supporter. La dernière chose dont il avait envie, c’était de recevoir la visite de qui que ce soit. Pour la première fois depuis qu’il était dans ce monde, il dormait seul. Personne n’allait venir le voir, le réveiller : il était simplement tranquille dans une chambre unique, installé sur son lit, paisiblement en train de patienter pour que le sommeil vienne le bercer. Et maintenant qu’il y était, seul, couché, avec pour seule sensation le léger lancement de sa coupure, une pensée hantait son esprit, y montant et descendant comme la marée qu’il entendait à l’extérieur. Putain, qu’est-ce que je me fais chier.

Il n’aimait pas l’admettre, mais il détestait la solitude autant que les gens. Aussi contradictoire ce puisse être, c’était bien le cas. Il n’avait rien de particulier à dire, faire ou penser ; il se retrouvait simplement là, délaissé de tous, sans possibilité de se moquer de qui que ce soit. Il aurait tout aussi bien pu dormir… mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil sans la présence de quelqu’un à proximité. Il hésita à se lever et à demander à être changé de chambre, mais il ne désirait pas qu’on croie qu’il puisse avoir peur du noir, ou quelque chose du genre. Pourtant, le silence lui pesait. Quand il dormait encore chez Daniel, il l’entendait respirer, et cela le berçait.

Il soupira. Une flamme se forma, et il la regarda briller un quart de seconde. Aussi détestable soit ce corps car il n’était pas le sien, il réussissait à l’apprécier par moments. Sa condition n’était pas aussi terrible qu’il y paraissait. Il aurait pu être un Chenipan. En repensant à sa mission du jour, il se remémora la peur qu’il avait ressentie en voyant l’Armaldo le dominer, et se recroquevilla un peu. Il détestait être faible et impuissant. Lui qui pensait être capable de se débrouiller sans personne, il avait encore une fois démontré qu’il avait besoin de quelqu’un pour le soutenir au cas où. Parce qu’il n’était pas infaillible.


Il s’endormit sur cette pensée désagréable. Cette nuit-là fut la première où il rêva. Ce ne fut qu’un mélange de couleurs indistinctes, de sons indescriptibles, de formes abstraites et de sensations incertaines. Une piqûre aiguë le tira de ce sommeil étrange. C’était une voix haute et perçante dans ses oreilles. « HIIIIIII ! » Il ouvrit les yeux et se redressa d’un coup, plantant ses griffes dans ses draps de surprise. « Qu’est-ce qui… ?! » s’exclama-t-il, regardant autour de lui. Personne. Cela venait sans doute d’une pièce voisine et ne le concernait pas. Il se laissa retomber sur le lit, glissant son regard à l’extérieur. Il faisait jour, et ses blessures ne lui faisaient plus mal.

Nouveau jour, nouvelle mission : il s’étira longuement, laissa échapper par réflexe un feulement de plaisir, et décida d’examiner le Gadget d’Explorateur pour vérifier les nouvelles tâches qui avaient été postées pendant la nuit. Rien n’attira son regard en particulier, la plupart étant bien trop longues pour lui. Il ne se sentait pas encore prêt à une exploration sur plusieurs jours. En fait, il ne se sentait plus vraiment prêt à quoi que ce soit, même s’il refusait de le dire ouvertement. Il décida qu’il irait récupérer le payement que Sylvain lui devait, et il aviserait ensuite. Je n'ai pas trop envie d’abandonner ma carrière d’explorateur à peine commencée, mais… je sens qu'il va quand même falloir que je fasse quelques choix importants pour la suite.

Il récupéra tout son matériel, se prépara, et s’élança en direction de la demeure de Sylvain. Je rentre, je réclame mon fric, je le récupère, et je me barre illico. Pas d'étape bonus, pas de perte de temps ; plus vite je suis loin de ce Feunard bizarre, mieux je me porte. Sur le chemin, il se demanda où il irait ensuite. Il n’avait pas de demeure fixe, et il doutait que l’hôpital ne l’accueille une nuit de plus s’il n’était pas blessé sérieusement ; demander à la Guilde ne l’intéressait pas, il voulait se débrouiller sans elle. Il essayerait de se renseigner sur les domiciles en vente ou en location dans les alentours, histoire de se trouver un endroit pas trop insalubre et éviter de dormir à belle étoile.

Le domicile du Feunard avait bien plus des allures de château que de manoir, maintenant qu’il se retrouvait devant. Il devait s’avouer impressionné par les dimensions conséquentes du bâtiment, construit sur trois étages, avec un grand jardin soigneusement entretenu et une façade richement décorée. Il s’était même payé le luxe d’une allée pavée sur un motif circulaire. Je le savais plutôt aisé, mais à ce point… Il s’avança le long du chemin, observant les grandes ailes de la demeure conséquente allouée à son premier client. C’était presque plus impressionnant que la Guilde elle-même. En toquant, une vieille Fragilady lui ouvrit. C’était sans doute la domestique et confidente du maître de maison. Nathanaël la jaugea de haut en bas, puis déclara abruptement :
« Je suis venu récupérer ce que Sylvain me doit. Il est là ?
- Oui, il est dans son étude, au troisième étage. Voulez-vous que je l’appelle ?
- Ouais, ce serait sympa.
- Entrez donc, installez-vous, il sera là dans une minute. »

Il fit son entrée dans ce qui était un luxueux salon richement décoré. Des œuvres d’art remarquables s’empilaient les unes à côté des autres, des lustres splendides éclairaient la pièce, et Nathanaël ne parvenait pas à compter le nombre de sièges qui semblaient être autant de lits moelleux et confortables. Si l’entrée ressemblait à ça, il n’imaginait même pas le reste du manoir. Ce doit être le paradis des Pokémon ! pensa Nathanaël. Et dire que Sylvain le garde pour lui tout seul… Le lit de l’hôpital, aussi confortable soit-il, lui paraissait désormais être un bloc de béton tant il était à l’aise sur la chaise qu’il avait choisi.

Sylvain fit bientôt son apparition dans la pièce et attira instinctivement le regard de son visiteur. Il était rayonnant et semblait avoir soigné son pelage depuis leur exploration. Il lui adressa un ravissant sourire en le voyant. Nathanaël devait avouer qu’il était plutôt mignon, d’ailleurs. Il chassa cette pensée en secouant la tête et, le voyant approcher gracieusement, lui demanda 
: « Bon, je suis venu récupérer ce que tu me dois pour mon aide. Je suis parti un peu rapidement l’autre jour, donc… » À la surprise du Flamiaou, les traits de son hôte se contractèrent, et se muèrent en agacement. « Ne t’ai-je déjà pas suffisamment rémunéré en te donnant ta liberté ? demanda t-il froidement. L’argent, l’argent, tu ne penses donc qu’à ça ! »

La voix du Feunard avait pris des accents glacés. Il vint se placer en face de lui, et désormais il le regardait d'un air hautain. « J’ai eu bien des soucis avec la brigade  en te faisant inscrire à la Guilde sans autorisation de ton tuteur, et c’est à peine si j’ai eu des remerciements pour cela. Tu es non seulement inconscient, mais aussi ingrat. Et vouvoie-moi, s’il te plaît.
- Notre deal était clair, répliqua Nathanaël du tac-au-tac. Je t’… Vous aide à récupérer vos tapisseries et vous me faites inscrire en tant qu’équipe de secours. C’était à vous d’y réfléchir sur le moment.
- Nous n’avons donc jamais parlé de payement à un quelconque moment.
- Vous avez voulu faire ça sous forme d’une mission, donc selon les règles…
- Je n’ai pas eu le choix, le coupa Sylvain, et je considère que je t’ai déjà versé ce qu’il te fallait pour le service rendu. Les Tapisseries sont saines et sauves, les criminelles ont été punies, et tu es libre de l’influence de Daniel. En réclamer davantage serait largement déséquilibré.
- J’ai besoin de cet argent ! » s’exclama Nathanaël, excédé.

Ne comprend-il donc pas ?! pensa-t-il. La mission du Chenipan n’a pas suffi, je ne veux pas dormir dehors cette nuit… ! Si Sylvain ne le payait pas, il était persuadé qu’il n’aurait jamais suffisamment pour bénéficier d’un logement. L’idée de dormir à l’extérieur l’horripilait. Déjà qu’être seul pendant la nuit ne lui plaisait pas, alors se retrouver à la vue de tous comme un chat errant… Il grimaça à cette simple pensée. Son interlocuteur, le voyant mal à l’aise, détourna le regard. Il semblait en avoir plus à dire qu’il ne le laissait paraître. Nathanaël sentait qu’il n’agissait pas naturellement, et le lui fit remarquer : « Qu’est-ce qu’il se passe, Sylvain ? Je vois bien que vous n’agissez pas comme quand on s’était rencontrés, hein. Qu’est-ce que vous me dites pas ? »

L’érudit resta à fixer le vide quelques instants, et laissa échapper un long soupir. Il reprit doucement : « J’espérais, je l’avoue, te revoir. Mais pour un autre motif que pour me réclamer ton pécule...
- C’est parce que je n’ai pas le choix. Je voulais simplement vous aider, à la base.
- Mensonge. Mais je ne t’en veux pas. Tu as saisi une opportunité en te servant de moi, mais au final nous avons eu ce que nous désirions, pas vrai ? » ajouta-t-il avec amertume.

Nathanaël n’arriva pas à déterminer envers qui elle était dirigée. Il demanda finalement, agacé : « Pourquoi vous m’en voulez, exactement ?!
- Tu as été inconscient et tu nous as mis tous deux en danger. Et maintenant, tu reviens pour me parler argent alors que c’est à peine si Magnézone me tolère encore dans les environs, puisque je lui ai pris un de ses rares apprentis-brigadiers... »

Le chat ravala sa salive, pris d’une sorte de culpabilité profonde. Il avait vraiment très mal agi et ne s’en rendait compte que maintenant. Dans sa quête d’indépendance, il avait complètement piétiné les autres. Daniel, qu’il avait trahi. Sylvain, dont il s’était servi. Mais aussi les jumelles, qui avaient été séparées… Malgré leurs erreurs respectives, ils ne méritaient pas qu’il ait agi de la sorte. La domestique Fragilady proposa du thé à l’un et à l’autre. Ils refusèrent, et elle parut mal à l’aise. Puis, d’un ton doux, elle déclara : « Je pense qu’il ne sert à rien de se lamenter. Ce qui est fait est fait. Vous devriez faire la paix et tenter de vous entendre.
- Il n’y a rien à ajouter, » murmura Nathanaël avec dépit. « Je vais juste… retourner à mes missions. Je vous ai suffisamment embêtés comme ça.
- C’est une bonne idée. Retourne chercher la seule chose qui te motive, » gronda Sylvain, se détournant avec une pointe de regret sur la fin de sa phrase.

Le chat, le cœur serré, descendit, réajusta son sac, et se dirigea vers la sortie. Il arriva à l’extérieur et laissa la porte se refermer derrière lui. Personne ne le rattrapa, bien qu’il eut l’infime espoir qu’on le rappelât. Cette fois-ci, il était définitivement seul. Et personne ne pouvait l’aider à s’en sortir à part lui-même.
 
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