Mission 3 [Solo] Cris du Coeur

Sujet: Re: Mission 3 [Solo] Cris du Coeur Jeu 23 Mar - 9:32

Étage 14 du Mt Labeur

L'explosion qui suivit ces pensées fut tant brutale qu'inattendue, car elle vint droit d'une des maisons voisines, projetant débris et morceaux dans toutes les directions. Nathanaël n'eut pas le temps de lâcher une suite de jurons qui aurait fait rougir le plus vil des brigands ; il s’était retrouvé jeté contre la paroi opposée, un morceau de roche l'assommant l'espace d'un instant. Il secoua la tête, des dizaines de Kapoera dansant autour lui, avant de grogner, furieux : « P*tain mais ça explose souvent comme ça ?!
- Non, entendit-il. Je crois que l'un des jeunes Teddiursa du village a sous-estimé sa nouvelle force... Vous allez bien ?
- Ouais, ouais... » se lamenta quelque peu Nathanaël en se redressant difficilement.

Sa poitrine lui faisait mal ; il avait l'impression que ses poumons étaient compressés, serrés dans un étau ne laissant pas passer l'air. Il mit ça sur le compte du choc qui lui avait coupé la respiration. Au moins, son corps était solide et robuste, car il ne souffrait pas de blessures externes. Ses vérifications achevées et sa vision stabilisée, il regarda le Kapoera, qui, lui, saignait du bras droit. Il allait lui demander si tout allait bien quand son compagnon le doubla : « Ne vous souciez pas de moi, et continuons. Nous trouverons de quoi nous soigner sur la route. Chaque seconde qui passe, et...
- On doit profiter de la confusion, » déclara Nathanaël, qui n'avait pas envie d'entendre son client répéter une énième fois la même chose.

Qu'est-ce qu'ils peuvent être casse-pattes, à avoir toujours les mêmes états d'âme ! pensa-t-il férocement, grimaçant de sorte à ce que le Kapoera le voie, et réagisse de facto : « Navré. Je suis sensible au stress.
- J'ai eu plus chiant comme compagnon, ne le rassura absolument pas le tigre enflammé.
- Je ne sais pas si c'était vraiment un compliment, mais... Merci ? »

Nathanaël croisa les bras et détourna les yeux. Il détestait le contact de ses propres pectoraux, trouvant ça affreusement glauque, mais il suivait un instinct lointain le poussant à montrer son insensibilité en jouant celui qui était blasé. Le Kapoera perçut cette volonté à son regard, mais il préféra ne pas la soulever et ils décidèrent, silencieusement, de reprendre leur route. Malgré les blessures dont l'un comme l'autre souffrait, l'explorateur ne parvenant à reprendre correctement son souffle, ils avancèrent encore jusqu'à atteindre bientôt la sortie du village, et donc se tenir assez éloignés de toute présence Pokémon.

« Nous avons encore une dizaine de minutes avant de parvenir au sommet, et donc à la prison, fit son client tout en continuant sa marche. Vous avez quelque chose pour les blessures... ?
- Si t'espères que je te passe des bandages, tu rêves. Ça m'a coûté une fortune ! Tu sais pas à quel point faudrait vendre sa queue pour avoir du matériel, à Bourg-Trésor...
- Oh, j'en ai eu une vague idée, il y a quelques années, fit le Kapoera avec un rictus. Mais je pensais les gens de là-bas plus avenants.
- Je viens pas de Bourg-Trésor, grogna Nathanaël amèrement. Jusqu’à présent je pensais que c’était le seul coin qui ressemblait un minimum à une ville, donc j’y restais.
- Quelle surprise, marmonna l'autre avec la même amertume. Je me disais bien que vous n'aviez pas spécialement le profil-type de l'explorateur. »

Nathanaël se tourna d'un coup vers le Kapoera, hors de lui : « Ça veut dire quoi, ça ?! »

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Sujet: Re: Mission 3 [Solo] Cris du Coeur Jeu 23 Mar - 9:32

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Étage 15 du Mt Labeur

« Cela veut dire que vous n'êtes pas des plus sympathiques, dirons-nous, » grogna le Kapoera en continuant sa route. « J'ai connu peu d'explorateurs, mais ils avaient la qualité d'être agréables avec les autres, usuellement.
- Je suis pas là pour me faire des potes, m*rde ! » s'exclama Nathanaël en retour, ce qui fit se retourner son client. Il continua : « Je veux juste retourner chez moi, c'est pas la mer à boire, bordel ! J'en ai ma claque de supporter des attardés à longueur de journée, quoi que je fasse, où que j'aille !
- Cela ne vous dispense pas de témoigner d'un minimum de respect envers vos pairs Pokémon !
- Mais je suis PAS un Pokémon, je suis HUMAIN ! Et franchement, c'est TANT MIEUX ! Quand je vois que la moitié sont des retardés ou des malades, je m'en contente largement ! C'est pas parce que j'en ai l'aspect que forcément je suis l'un des vôtres !
- Si tous les humains sont comme vous, alors il s'agit d'une bien pire race que la nôtre ! Vous êtes un arrogant doublé d'un incompétent, et ça ne fait pas bon ménage !
- Parle pour toi, Monsieur « je fais appel à quelqu'un d'autre pour pas régler mes propres emm*rdes » ! Je suis peut-être arrogant et incompétent, mais au moins je me terre pas dans un cimetière en attendant une p*tain d'année que quelqu'un vienne faire mon job, parce que je suis pas une TAPETTE ! Je suis venu risquer ma vie pour toi et ce Chuchmur ! Toi t'as risqué quoi, jusque là ?! » Et ici, le conflit s'arrêta. Les deux étaient à bout de souffle, bien que Nathanaël respirait convenablement désormais. Ils étaient immobiles, se fixant froidement dans un duel de regards dont personne ne semblait apte à sortir vainqueur. L'autre voulut reprendre, mais il ne dit rien et fit volte-face, reprenant sa route vers le sommet. Le tigre de feu y vit là la preuve de son abandon ultime face aux arguments exposés. « J'avais raison. Une tapette, » ricana-t-il.

Le coup qui suivit fut tant brutal qu'inattendu, car il vint droit du Kapoera, projetant son pied dans son estomac et le plaquant au sol. Nathanaël, étalé en quelques secondes, chercha à activer ses flammes mais n'y parvint pas ; il esquiva le coup suivant, roulant sur lui-même pour éviter de se faire écraser le crâne. Ça y est, il est devenu complètement malade lui aussi ! s'affola-t-il internement en se redressant difficilement, cherchant à s'éloigner du Pokémon qui le regardait avec une rage incontrôlée. « Vous n'avez aucune idée de ce que j'ai vécu jusqu'ici. Comment pouvez-vous seulement me juger ?
- Je me base sur ce que je vois et sais, grogna Nathanaël, espérant ne pas se faire attaquer à nouveau. Et là, ce que je vois, c'est que tu me donnes raison quand je dis que vous êtes tous des abrutis timbrés. » Nouveau silence et duel de regards. Il ne comptait pas fuir, quand bien même le Kapoera continuerait de l'attaquer. Si cela s'avérait nécessaire, il le mettrait hors-combat comme n'importe quel autre adversaire. Il secourrait le Chuchmur comme prévu et ce serait à lui qu'il réclamerait de l'argent.

Mais le véritable client se laissa retomber un peu en avant, exténué : « Vous avez gagné.
- J'ai pas combattu.
- Sans doute pas physiquement... Mais vos arguments sont tant secs que véridiques. Je suis un lâche et, tout autant que mes confrères, une brute.
- Bah. T'es peut-être pas tant une cause perdue finalement, » plaisanta Nathanaël en haussant les épaules, bien qu'assez agacé et méfiant, au fond, par le fait que le Kapoera ait cherché à l'attaquer. Il le garderait à l’œil pour éviter que ça ne se reproduise.

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Étage 16 du Mt Labeur

Nathanaël et le Kapoera reprirent leur route vers le sommet. Plus l'altitude était importante, et plus le premier souffrait du manque d'oxygène ; l'autre semblait ne pas y prêter attention, sans doute habitué à ne pas disposer d'autant d'air respirable que ceux qui vivaient près des océans. Ils furent ainsi forcés de s'arrêter à plusieurs reprises pour que le tigre de feu puisse reprendre sa respiration, et s'habituer à l'environnement hostile des montagnes. Ils parvinrent jusqu'à une étendue où la terre était craquelée et fissurée, s'ouvrant sur des abysses dont on ne voyait pas le fond. Son client expliqua : « Ce lieu est plein de galeries souterraines fragiles. Soyons prudents. »

Nathanaël, satisfait qu'il dise pour une fois un avertissement qui s'avérait utile, se permit cependant un sourire. Je suis pas du genre à tomber dans des trous comme un imbécile. Ce fut donc avec une grande confiance qu'il s'avança sur la plaine, suivi de près du Kapoera – juste avant de se retrouver dans le noir absolu, avec une grosse douleur au crâne. En observant autour de lui, il remarqua qu'il était affalé sur le sol, au milieu des ténèbres, et n'avait absolument aucune idée de comment il était arrivé là. C'était comme s'il avait été téléporté d'un seul coup, parce qu'il ne se souvenait de rien. Il se frotta le crâne et vérifia ses affaires. Tout était en ordre et présent. Mais pas de client en vue.

Sans oser se l’avouer clairement, Nathanaël avait conscience qu’il était sans doute tombé dans une des cavités qu’avait évoqué le Kapoera. Cette situation, beaucoup trop comique pour être réaliste, l’agaçait suffisamment pour qu’il commence à fulminer à voix haute, continuant son chemin dans les couloirs de roche sans parvenir à trouver une issue. Si je suis coincé là-dessous, je vais pas pouvoir secourir grand-monde, constata-t-il avec un profond énervement. Il accéléra le pas jusqu’à atteindre une sorte d’entrée creusée dans la roche, et devina qu’il s’agissait sans doute d’un accès qui le conduirait quelque part ; restait à savoir où.

Il se retrouva dans ce qui ressemblait à un large sous-sol. Il n’y avait pas de lumière, aussi avançait-il à l’aveuglette, seulement guidé par ses yeux qui distinguaient les formes dans les ténèbres. Il se risqua à demander s’il y avait quelqu’un, mais on ne lui répondit pas. Apaisé par sa solitude, il s’accorda une petite pause en s’appuyant contre une paroi de roche, et se permit un soupir. « Je suis censé faire comment, moi… ? J’ai aucune idée d’où je suis, maintenant... » se lamenta-t-il à voix basse, bras croisé. Ce corps, bien trop grand, s’écorchait dès qu’il esquissait un mouvement trop proche d’un mur. Cela avait le don de l’insupporter.

Un tremblement provoqué par un long hurlement le secoua et redressa sa fourrure plus vite qu’une tempête ne l’aurait fait. Il poussa un grognement de surprise et se jeta contre le mur, dans une tentative de se protéger du bruit, par un réflexe soudain de protection. Il patienta quelques secondes après le retour du silence, s’interrogeant sur la nature du cri. Qu’importe ce qui aurait pu le provoquer, ce ne devait pas être quelque chose qu’il avait envie de rencontrer. En s’avançant, il trouva un escalier. Apparemment, il était arrivé quelque part.

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Étage 17 du Mt Labeur

La pièce dans laquelle il arriva une fois au sommet était emplie d’un capharnaüm tel qu’il n’en avait jamais vu. De toutes parts, des Pokémon s’affolaient, ordonnant tant bien que mal l’endroit qui semblait avoir été victime d’une désastre sans précédent. Profitant du chaos, Nathanaël s’avança pour voir le Kapoera et lui faire signe ; celui-ci, le reconnaissant, s’approcha, et lui dit : « Je me doutais que vous reviendriez tôt ou tard, alors j’ai préféré vous attendre ici. Mais félicitations pour ne pas être tombé dans une cavité.
- Très drôle. Donc on y est, ça y est ?
- Oui. Nous devons simplement profiter de l’atmosphère désordonnée pour libérer notre prisonnier, et partir immédiatement. Vous avez un plan ?
- Je connais pas l’endroit, je peux pas dire… Mais tu sais s’il y a un accès par le toit ?
- Oui, il y en a un. Nous pouvons y accéder depuis le deuxième étage de la tour.
- Super. Je vais envoyer un message à celui qui doit me récupérer, pour qu’il soit là dans une vingtaine de minutes.
- Cela suffira-t-il vraiment ?
- On n’a pas trop le choix de toute façon, » grogna Nathanaël, agacé par l’hésitation du Kapoera. Il allait devoir lui faire confiance, vu qu’il n’avait lui-même pas d’idées. « Il faut qu’on libère le Chuchmur et qu’on se tire. Tu sais où se trouvent les cages des prisonniers ?
- Puisqu’il est un criminel notoire, il doit être retenu au second étage. Mais sa surveillance doit être des plus importantes.
- Tant pis, on trouvera un moyen. Tu sais s’il y a quelqu’un ici qui pourrait nous aider ?
- Non, je ne pense pas, » marmonna le Kapoera en regardant autour de lui.

Il ne devait pas faire confiance à grand-monde, ce qui était quelque peu normal. Tous les gardes qui s’affairaient autour d’eux étaient imposants et paraissaient très dangereux. Mieux valait ne pas les provoquer. L’un de ceux-là s’arrêta devant le duo et leur demanda : « Sean ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- On m’a envoyé renforcer la garde des prisonniers du second étage, » mentit-t-il, sachant que cela lui permettrait de se rapprocher du Chuchmur. « Il a décidé de m’accompagner au cas où il pourrait se rendre utile.
- Ouais, on va avoir besoin d’aide. Ce maudit chanteur a évolué et tente maintenant de faire s’effondrer la tour avec ses cris… Le pire c’est que s’il continue, il pourrait bien y arriver. Montez à l’étage et aidez-nous à nous débarrasser de lui, avant qu’on se retrouve écrasés dans la tour ! »

Et presque aussitôt, son interlocuteur s’en alla, retournant à sa tâche de stabiliser les murs de la tour. Ils étaient bien trop occupés, désormais, pour s’occuper encore du duo qui tentait de s’infiltrer parmi eux pour les trahir. C’était tant mieux ; moins ils auraient de gens à qui ils devraient parler, et plus facile serait le fait d’être discret. Sans plus de discussion, s’étant organisés autour d’un accord muet porté par leur mensonge, ils s’avancèrent donc au milieu du groupe de villageois, et s’approchèrent de l’escalier qui le menait à l’étage supérieur. Tandis qu’ils montaient, Nathanaël se risqua à lui parler : « T’es sûr qu’ils se doutent de rien ?
- Il faut espérer que oui. »

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Étage 18 du Mt Labeur

Il ne fallut que quelques secondes supplémentaires pour qu’ils parvinrent à l’étage. Là, les Pokémon gardes s’étaient regroupés, organisant apparemment une stratégie pour « tabasser les détenus », selon ce qu’ils disaient. Le Chuchmur n’était pas le seul prisonnier, expliqua le Kapoera tandis qu’ils s’approchaient. Génial, s’il a changé d’apparence lui aussi, on va bien en chier pour le retrouver… réalisa Nathanaël alors qu’il se postait à proximité pour écouter la tactique proposée par les uns et les autres. La plupart voulaient passer en force, les autres souhaitaient passer par au-dessus ; mais personne n’arrivait à se mettre d’accord.

Finalement, une dispute éclata et Nathanaël s’aperçut qu’ils n’allaient aller nulle part ainsi. Il tira donc le Kapoera vers lui et déclara : « On va profiter de ce moment pour aller libérer les détenus. On utilisera la confusion pour récupérer le Chuchmur et on se barre par le toit comme prévu.
- Rappelez-vous, je ne peux pas vous suivre. Et puis...
- Tu vas forcément devoir me payer, tu te souviens ? le coupa l'explorateur. Tu me dois un sacré pactole après tout ça, alors tu vas venir avec moi, que tu le veuilles ou non. » Le Kapoera allait s’opposer fortement à cet ordre mais le Félinferno ne lui laissa pas le temps de le contredire : « T’as pas le choix, t’es avec moi jusqu’au bout. T’avais qu’à pas revenir, je me serais débrouillé seul !
- Vous n’y seriez pas parvenu.
- Ah ouais ?!
- Preuve étant que vous nécessitez encore mon aide, puisque vous ne voulez pas que je parte.
- Je veux juste m’assurer que tu me payeras, m*rde. »

Le Kapoera, profondément agacé, s’adossa contre la paroi de pierre, sans répondre tout d’abord, tandis que l’autre le fixait sévèrement pendant de longues secondes, cherchant à l’entraîner avec lui du regard. Ce n’était pas le moment de l’abandonner. Il ne pouvait pas faire demi-tour maintenant après tout le trajet qu’ils avaient fait à deux, ce serait purement insensé. Dans tous les cas, l’explorateur ne le laisserait certainement pas repartir si facilement ; il avait toujours un payement à recevoir, et il voulait l’avoir dès qu’il aurait réussi à ramener le Chuchmur à Bourg-Trésor. « Je n’ai pas envie de vous suivre, déclara finalement le client, agacé. Je devais simplement vous servir de guide, et non pas vous aider à accomplir ce pour quoi vous êtes payé. »

Nathanaël fut profondément énervé par la justesse de son argument. Il pourrait faire preuve d’autant de mauvaise foi qu’il le désirait ; il ne pouvait tout simplement pas affirmer le contraire de ce que prétendait le Kapoera. « Je sais. Mais…
- Admettez que vous désirez mon aide parce que vous n’êtes pas suffisamment compétent pour y parvenir seul, et j’envisagerai de vous suivre en vous proposant un plan qui sera bien plus adapté.
- Et c'est quoi, votre tactique ?
- Nous attendons que la situation se tasse, et profitons de la fatigue des deux partis pour récupérer le prisonnier. » Le Félinferno serra les crocs et les poings. Derrière eux, le groupe s’organisait pour aller à l’étage, et ainsi « tabasser les détenus » comme prévu. S’il voulait empêcher le Chuchmur d’être gravement blessé, voire pire, il devait les suivre dès maintenant. Il fixa son client, qui reprit : « Alors ?
- J’ai besoin de l’aide de personne, » répliqua froidement Nathanaël après un temps. « Si on attend davantage, il va crever, votre mec. Et perso c'est bien la dernière chose dont j'ai envie. » Sans plus attendre, l'explorateur fit volte-face et laissa le Kapoera. « Vous penserez à venir à Bourg-Trésor pour me payer, » lui grogna-t-il avant de se lancer à la suite des combattants devant lui.

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Étage 19 du Mt Labeur

À peine le groupe de gardes fut-il entré dans la pièce que Nathanaël avait fièrement dégainé un orbe magique de son sac, qu’il avait acheté en ville. Son effet était très simple : il était soporifique et endormait toutes les personnes dans la pièce excepté le porteur. En ricanant, il l’activa, et se prit une patte sur une marche, ce qui le fit trébucher. Il s’écrasa lourdement sur le sol et l’objet enchanté se fracassa sur le sol, explosant en un millier de morceaux de verre sans provoquer le moindre endormissement. Après une paire de secondes de silence à la recherche de la raison de cet événement, le combat entre gardes et détenus commença, le Félinferno étant rapidement oublié. Les uns laissaient leurs cages et leurs chaînes brisées pour s'élancer sur leurs détracteurs, furieux et sanguinaires.

Son plan initial ayant échoué, il se jeta au milieu du nuage de griffes, de crocs, de flammes, d’éclairs, de lianes, de cris, qui se déchaînaient et s’échangeaient dans l’unique but de prendre le dessus. Personne ne s’intéressait à lui, car on ne parvenait pas à déterminer de quel côté il était par sa passivité ; lui-même ignorait à présent ce qui se passait, qui était qui, qui voulait quoi. Il était perdu au milieu d’une bataille qui ne le concernait pas et dont il n’avait, somme toute, absolument rien à faire : il devait simplement retrouver celui qu’il était venu chercher. Aussi, comme si c’était évident, hurla-t-il son nom. « Chuchmur, t’es où ?! »

Une gigantesque bête cyan avec une gueule énorme répondit à son appel par un cri absolument terrifiant, qui balaya deux combattants au tapis d’un seul coup. Nathanaël s’approcha de lui et expliqua, en quelques mots, qu’il était venu pour le secourir, montrant son badge d’explorateur, et qu’ils devaient s’échapper par le toit. L’autre lui répliqua qu’il n’y avait pas d’issue, et que sauter de là-haut reviendrait à se tuer si l’on ne pouvait pas voler ; ce à quoi le Félinferno, blasé, répondit que quelqu’un s’en chargerait pour eux. Cela eut pour effet d'achever leur discussion. Ils bousculèrent le groupe, profitant du chaos ambiant, et se ruèrent vers l’accès au toit.

Arrivés au sommet de la tour, le duo se retrouva face aux nuages. Le Chuchmur ferma la trappe qui leur avait permis de monter, espérant retarder la foule qui s'amassait sous leurs pattes. Nathanaël sortit son gadget d’explorateur et appela le Dracolosse. « Bordel, dis-moi que t’es pas loin !
- Je suis là dans cinq minutes, le Flamia… Attends mais tu as évolué ?
- Je t’expliquerai, mais je te jure, si tu te dépêches pas, on va se faire buter !
- Je fais ce que je peux, gamin, j’arrive ! » Il raccrocha et le Félinferno se laissa tomber sur l’arrière-train, désespéré. Au moins, ils étaient saufs, pour le moment. Il entendait les clameurs du combat sous lui, les cris de ceux qui se battaient pour leur liberté, de ceux qui voulaient la leur enlever. Il n’avait pas combattu depuis qu’il avait changé d’apparence, mais étrangement, il avait l’impression d’avoir affronté pire qu’une armée.

Le Chuchmur s’était approché. « Eh. Merci beaucoup. J’avais… Perdu espoir qu’on m’aide, » chuchota-t-il. « Vraiment… Merci.
- Je suis pas celui qu’il faut remercier. C’est un des types du village qui m’a demandé de t’aider. C’est tout.
- Ce n’est pas grave. Tu es celui qui a fait le déplacement, alors… Vraiment, merci. » La grosse bestiole tenta de sourire. C’est vraiment moche, ce truc, pensa Nathanaël. Mais au fond de lui, il ne s’était jamais senti aussi bien.

Être explorateur secouriste, c’était pas si mal finalement.

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Mission 3 [Solo] Cris du Coeur - Page 2 Hibq6CI

Sujet: Re: Mission 3 [Solo] Cris du Coeur Lun 27 Mar - 1:23

Conclusion de la Mission (Sommet du Mont Labeur)

Le Dracolosse eut bien du mal à porter le Chuchmur et l'explorateur vu la taille qu'ils faisaient désormais, mais lorsqu'ils furent assez loin du Mont Labeur, ils ne tardèrent pas à reprendre leur forme originelle. Le Chuchmur devint alors une sorte de lapin embryonnaire rose et couinant, ce qui surprit sincèrement celui qui était de nouveau Flamiaou. Comment un truc comme ça avait pu provoquer un accident mortel ? Nah, ça peut être qu'une erreur. Quoi qu'il en soit, Nathanaël voyait s'éloigner le Donjon Mystère, et sa mission s'était soldée sur un succès malgré tous les imprévus. Il avait été bien aidé par le Débugant-Kapoera-client, mais au final, il avait été celui qui avait résolu cette histoire par ses propres moyens.

Et maintenant, tout était bien qui finissait bien ; son seul profond agacement étant cependant que puisque le Chuchmur n'était pas le véritable client, il n'aurait pas de paye ce soir. Donc, il allait très certainement devoir passer une nuit à l'extérieur comme il l'avait craint, en attendant que son client fasse tout le trajet pour lui rapporter l'argent qu'il lui devait. Il s'abandonna à un long miaulement de désespoir accompagné de jurons envers son commanditaire, qui étonnèrent, par leur créativité, ceux avec qui il volait jusqu'à Bourg-Trésor.

À sa grande surprise, il fut accueilli en fanfare par un petit groupe d'explorateurs amateurs. L'entreprise et la réussite d'une mission aussi difficile et ancienne par un si jeune aventurier en avait intéressé plus d'un. Ayant été prévenus par le Dracolosse du retour prochain du duo, certains avaient tenu à venir féliciter de sa réussite l'explorateur, juste "parce que". Il n'y voyait néanmoins aucun intérêt notable, même s'il était toujours ravi que l'on vienne flatter son égo. Et puis si j'ai un peu de renommée, peut-être qu'on me refourguera enfin des missions intéressantes ? À sa grande satisfaction, les choses semblèrent s'arranger dans ce sens : il fut rapidement convoqué par le Maître de la Guilde, en compagnie du Chuchmur.

En raison de son exploit, il était monté non pas d'un, mais bien de deux grades d'explorateur ; en effet, la mission était si difficile initialement que l'on avait augmenté la récompense. Là encore, Nathanaël ne comprit pas spécialement l'intérêt des grades, mais il associa cela à de la gloire et du prestige, et se dit que c'était tout de même très agréable de grimper aussi vite en rang. Il ne tarda pas à parler de sa mésaventure par rapport au client, et le Chuchmur confessa qu'il n'était, effectivement, pas celui qui avait pu envoyer le messager de secours, puisqu'il était retenu emprisonné. Après insistance du Maître de la Guilde, le pauvre Pijako se résigna à puiser dans leurs fonds pour avancer financièrement Nathanaël, puisqu'il en avait besoin au plus tôt. Le client payerait directement la Guilde.

Une somme astronomique ainsi en poche, le jeune Flamiaou comprit qu'il avait bien plus que ce dont il avait initialement besoin et planifia mentalement l'achat d'une base plus grande et luxueuse que ce qu'il pensait pouvoir s'offrir. Il sortit de la Guilde à la fin de l'après-midi, son badge arborant une nouvelle perle argentée luisante et son sac rempli de monnaie à en vomir. Il essayait d'imaginer toutes les possibilités qui s'offraient à lui et s'extasiait devant le fait que, même en faisant un effort, il ne parvenait pas à trouver tout ce qu'il pouvait faire. Chaque seconde apportait une nouvelle idée et il ronronnait de joie -bien qu'intérieurement agacé par cette attitude trop animale pour lui.

Il décida de remettre les visites des bases qu'il pouvait s'approprier au lendemain, afin de profiter de sa première journée de véritable congé depuis qu'il était arrivé dans ce monde. Il passa une nuit merveilleuse dans une auberge modeste de Bourg-Trésor, rêvant tranquillement de tout l'argent qu'il avait obtenu et de tout ce qu'il allait en faire. Mais avant de pouvoir réaliser de tels rêves le lendemain matin, il trouva quelqu'un l'attendant dans la salle de repas du bâtiment : Sylvain. Nathanaël alla pour le contourner mais le Feunard l'en empêcha : « Bonjour, Nathanaël, est-ce que...
- Je vais très bien, merci. J'ai eu besoin de l'aide de personne pour faire mon job, avant que vous posiez la question. » Il mentait, mais la réplique acerbe eut l'effet d'une bombe sur le visage réjoui du noble, qui se décomposa littéralement.

Il balbutia difficilement, comme pour tenter de rattraper une manœuvre déjà fort mal engagée : « Écoute, j'y ai réfléchi, et je pense que...
- Vous avez abusé ? Ouais, vachement. J'ai été forcé d'aller à une mission ultra-dangereuse pour éviter de dormir comme un clodo, parce que vous avez pas voulu me payer comme il fallait. Mais vous savez quoi ?
- ... Non ? » demanda finalement le Feunard de glace, toujours aussi déstabilisé par la tendance de Nathanaël à manier le débat et à le couper alors que, sans doute, personne ne le faisait auparavant. Le Flamiaou se permit un grand sourire carnassier avant de continuer.

« Bah je vous dis merci. Sans vous j'aurais pas tout ce fric ! Maintenant je vais plus avoir à vous faire chier, je suis plus à votre grappin. Vous avez la paix, félicitations !
- Mais, Nathanaël, je ne venais pas pour...
- Non, c'est bon, je me contrefous de vos états d'âme, Sylvain. Je n'ai rien à entendre de vous, on est quittes. Grâce à vous, je sais que je veux faire ce job parce que ça me plaît, figurez-vous. » Et sans plus de cérémonie, Nathanaël reprit sa route, laissant un noble tant éberlué que mal à l'aise derrière lui.

Mais, pour la troisième fois depuis la fin de cette mission, il se trouva fort étonné de voir qu'un nouvel imprévu se présentait à lui. « Nathanaël... je me suis dit que je pouvais peut-être vous aider. En guise de remerciement, pour avoir sauvé mes tapisseries. » L'explorateur s'arrêta, tendant l'oreille. « J'ai bien réfléchi... je ne me sers plus que de quelques pièces de ce vieux manoir, et il ne fait que prendre la poussière... alors... comme vous cherchiez un logement...
- Je veux être indépendant, répliqua finalement Nathanaël sans se retourner. Je suis pas intéressé.
- Vous serez indépendant.
- Ce manoir est à vous.
- Je ne vous en confierai qu'une ou deux pièces. » Après un long silence, Sylvain insista : « Pourquoi hésitez-vous ? C'est une bonne occasion, non ?
- D'une, je veux pas vivre à votre grappin. De deux... j'aime pas avoir de dettes, et j'en aurai une si je viens.
- Donc vous refusez ? »

Nathanaël soupira longuement. Sylvain comprit qu'il ne servait plus à rien de continuer et expira à son tour, regrettant que sa tentative soit vaine au final. Après quelques dizaines de secondes à laisser planer le silence sans bouger, l'explorateur reprit d'une voix lasse, tout en fouillant dans son sac d'argent : « Nan. J'achète votre base pour pas vous devoir quoi que ce soit. »

Ce n'était pas plus mal qu'autre chose, tous comptes faits.

HRP:

Sujet: Re: Mission 3 [Solo] Cris du Coeur

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