La vengeance a sonné.

Après m'être fait voler mon précieux Médaillon... Enfin, c'est mon instinct qui me dit qu'il l'est... J'ai passé un certain temps sous l'enseignement de la Guilde de Grodoudou pour apprendre à me défendre dans les Donjons Mystères. Aujourd'hui, je suis prête à venir récupérer l'objet qui me revient de droit en retrouvant mon voleur dans le Désert du Nord.

Après avoir préparé soigneusement mon sac - j'ai même fait le compte : trois baies oran, trois résugraines, deux max élixir, et quelques branches d'altération d'état -, je suis partie comme une conquérante en direction de mon destin. ... Et j'en fais pas trop. Ce médaillon est VRAIMENT mon destin. C'est le seul indice que j'ai trouvé pour retrouver la mémoire jusqu'à maintenant.

C'est la première fois que je devais partir aussi loin. Jusque là, mes missions se résumaient à aller dans la Grotte Littorale, dans la Falaise Trempée... ce genre de chose pour débutant. Alors quand j'ai vu sur la carte que je devais traverser une forêt à la mords-moi-le-nœud pour ensuite déboucher sur le désert, j'ai compris que ça allait être long.

Et alors que je venais tout juste d'arriver devant la Forêt...

— Merde, les Pommes...

Je les avais oubliées... C'est juste LE truc à toujours penser à prendre, et j'ai fait cette gaffe. Tant pis, pas question de rebrousser chemin. Rien que d'y penser, je commençais déjà à avoir la dalle, mais j'espérais encore en trouver une en chemin.

Je suis donc entrée dans ce qui semblait être la Forêt Trompeuse... Si j'en crois mon Gadget d'Explorateur. Apparemment, ce n'est pas un donjon de tout repos, mais même si je suis une novice, je suis capable d'élaborer une stratégie.

J'ai tenté de marcher le plus silencieusement possible tout en me cachant dans les zones les plus sombres de la forêt. Les Pokémon sauvages étaient légion ici, mais grâce à mon mode ninja, ils ne me remarquaient pas. Quand soudain, quelque chose qui ressemblait à un gros colosse arriva très près de moi, il menaçait presque de m'écrabouiller.

En me recroquevillant dans les feuillages, j'ai voulu observer de quoi il s'agissait... Et c'était bien ma veine. Un Tropius. Ces Pokémon sont des gros lourdauds, ma parole. Celui-là marchait comme un mec bourré. Une de ses pattes s'approcha trop dangereusement de moi, menaçant de m'écraser la queue. Sur le coup, une montée d'adrénaline fit se resserrer ma gorge tandis que j'ai bondi sur le côté pour l'esquiver. Au diable la discrétion, au bout d'un moment ! La panique a pris le dessus sur moi et je me suis enfuie sans demander mon reste.

Bizarrement, le Tropius ne s'est même pas retourné pour me poursuivre... Mais j'étais encore loin de réaliser vers quoi je courrais, au juste...

Lancer de dés !

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'PNJ' :

J'ai couru comme une dératée tout le long de la forêt. Une horde de Pokémon insecte m'ont poursuivie, si bien que j'ai plongé dans le premier point d'eau que j'ai vu pour les semer. Heureusement, ils étaient assez idiots pour partir au bout de 20 secondes d'apnée, du coup j'ai réussi à m'en sortir.

C'est donc trempée jusqu'aux os que je suis arrivée au Désert du Nord. Au moins, le soleil allait peut-être m'aider à sécher. Le problème c'est que mon état actuel n'était que le cadet de mes soucis. A cause de ma précipitation, je n'ai pas trouvé de Pomme et me voilà maintenant dans un désert. Et pas question de rebrousser chemin, les Pokémon insectes m'attendent au tournant... Sans compter le fait que je dois maintenant chercher un tout petit Caninos dans un graaaand désert. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Tant pis, je ne me suis pas laissée décourager et j'y suis allée comme une grande fille. Mon ventre gargouillait comme un dingue, mais je tentais de l'ignorer comme je le pouvais. J'allais devoir faire sans Pommes... Et j'essayais de ne pas penser à ce qui pourrait se passer si je devais me battre. Est-ce je pouvais encore avoir l'énergie pour ça, une fois arrivée devant l'ennemi ? ...

J'ai essayé de ne pas y penser. En continuant inlassablement de marcher, je suis tombée dans une sorte de cavité dans un énorme rocher... Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me disait que je devais y entrer. Appelez ça une erreur de débutant ou non, mais je l'ai fait. C'est comme dans tous les films quoi ; y'a un endroit glauque à souhaits, donc les héros y vont.

En entrant dans la grotte, j'ai bien vite remarqué qu'elle semblait habitée. Il y avait quelques torches allumées ça et là qui révélaient des murs rocheux et griffés de partout. Une bête féroce ? Un Ursaring ? Oh non, j'espère pas. Ma curiosité m'a quand même poussé à regarder ce qui se trouve au fond... J'ai collé mon visage contre un mur, puis j'ai bougé lentement ma tête sur la gauche de manière à faire apparaître la suite du chemin dans mon champ de vision.

J'y ai vu de nombreuses gemmes comparables à celle de mon médaillon. Incroyable... Cette grotte en était remplie... Une énergie immense semblait se dégager de toutes ces piles de pierres précieuses. Et si c'était le repère du voleur ? ... La voix que j'ai entendu par la suite m'a donné la réponse à cette question.

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'PNJ' :

— Qui est là ?

Je reconnaissais cette voix ! C'est bien celui que je cherche. Ce sale Caninos jaune comme de la p... ouais non en fait, restons polis. Dès que j'ai entendu sa voix rebondir sur les murs de la grotte, je me suis reculée. Il ne devait pas me voir de suite, mon plan étant de le prendre par surprise. J'ai commencé à chercher un endroit où me cacher tandis que j'entendais des bruits de pas s'approcher. Vite !

Malheureusement, dans la précipitation, ma patte a buté contre un caillou et ça a fait pas mal de bruit. Tandis que je pestais intérieurement contre moi-même, j'ai trouvé un rocher dans un coin, derrière lequel je pouvais me saucissonner pour ne pas me faire voir.

— Je t'ai entendu. Pas besoin de faire semblant d'aller te cacher.

Inutile de dire que j'ai ignoré son "conseil". J'ai fini par le voir apparaître devant moi ; et c'était bien lui...


Cette sale brute de Hors-la-loi allait payer. Il ne m'avait pas encore vue, même s'il cherchait en reniflant la grotte. J'avais l'avantage ; mais pour une courte durée, car son odorat allait certainement le guider jusqu'à moi. Je l'ai laissé s'approcher de mon rocher. Un peu... encore un peu... et... MAINTENANT !

— AYAAAAHHH ! Hurlai-je en préparant une Vive-Attaque en plein dans sa tronche.

A ma grande surprise, j'ai senti des crocs se renfermer sur ma patte, et la seconde d'après, j'étais au sol. Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui venait de se passer ?

— T'es tellement mignonne. Tu croyais vraiment m'avoir comme ça ? Ah, les amateurs...

Alors. Avec ce qui me reste d'énergie, j'ai compris qu'il était très rapide. Et bien plus fort que moi. J'étais faite comme un rat... Mais je n'ai pas baissé les bras tout de suite. Je me suis relevée difficilement.

— Rends-moi mon médaillon ! Je suis venue dénicher ta sale tête juste pour ça ! Sinon... sinon... Eh bah en fait, j'ai même pas à te dérouiller la figure. Maintenant, j'ai un Gadget, et je vais appeler Magnézone tout de suite.

Le Caninos a fait quelques pas vers moi, l'air légèrement troublé. Il tira ensuite une face indescriptible.

— Tu sais que je l'ai déjà vendu, ton médaillon hein ?

— Quoi... ?

— C'est un peu mon job. Je vole les objets rares. Je les vends. Ça fait quand même un petit mois que je t'ai volé ton objet. Je sais même pas comment je me souviens de toi, au juste. Ah, si. Parce que t'as les fesses blanches. Ha ha ha !

Alors là, j'étais outrée... Non seulement mon médaillon n'était plus là, mais en plus, il a clairement insulté mon physique. Je lui ai lancé un regard furibond, le regard le plus féroce que j'ai jamais fait depuis mon "réveil".

— T'as regardé mes fesses... ? Espèce de sale abruti ! J'ai rien trouvé de mieux à dire que ça, et pour témoigner de ma rage, je lui ai foncé dessus avec une attaque Charge.

Attaque qui fut - bien évidemment... - esquivée. Voyant que j'avais perdu ma cible, je me suis arrêtée maladroitement. Je me suis immédiatement retournée pour lui faire face de nouveau, et j'ai tenté une attaque Morsure. Esquivée aussi. Il ne cherchait pas à se défendre. Au lieu de ça, il esquivait tous mes coups en souriant bêtement. Il se fichait de moi !!

— Grr !!

Oui, j'ai juste poussé des cris digne d'une bête féroce tout en l'attaquant tandis qu'il esquivait. J'avais clairement l'air idiote, mais la rage de ne pas l'atteindre me donnait inexplicablement l'envie de continuer, encore et encore.

— Bon, calme-toi. Tenta le Caninos.

Je ne l'ai pas écouté. Il a immédiatement attrapé ma nuque avec ses crocs, puis il m'a jetée au sol. Il avait une telle force, je ne comprenais même pas...

— Calme-toi !! Grogna-t-il. Cette fois, il était énervé, je crois. Écoute, maintenant que t'as découvert ma base je vais devoir me relocaliser. Mais ce sera pas sans t'assommer. Je vais prendre plaisir à te jeter ce rocher en plein dans la tempe, sale gamine. Et ne t'avise plus jamais de revenir me traquer, parce que c'est que t'as du flair malgré ton petit pois dans le cerveau.

Il venait de saisir un gros caillou et se préparait à me le jeter en pleine face. Non... Pas encore ! Si c'est pour que le choc me fasse perdre la mémoire à nouveau, c'était pas la peine ! Mon corps commença à trembler et des sueurs froides arrivèrent à une vitesse phénoménale. C'était comme si j'étais phobique... Quelle étrange sensation... J'ai ressenti le besoin immense de prier son pardon.

— Non !!! Hurlai-je, paniquée. Ne fais pas ça, s'il le faut je dirai rien !

Heureusement, il lâcha le rocher au dernier moment. Il me regarda d'un air amusé. Pff...

— Qu'est-ce qui te prend d'un coup ? Je te croyais téméraire, quand même. Tu retournes ta veste bien vite. T'iras pas loin dans la vie en faisant ça, gamine.

— Ne... Ne me frappe... Pas à la tête, c'est tout ce que je te demande.

J'avais du mal à respirer. Le pic de stress faisait battre mon cœur dangereusement vite, et je cherchais clairement l'air pour rester consciente.

— Hé... je t'ai traumatisée ou quoi ? Dit-il sur un ton narquois. J'avais tellement honte.

Finalement, tout devint flou autour de moi. Je me sentais défaillir. Je me suis allongée en grognant, je me demandais encore ce qui pouvait bien m'arriver, mais j'étais quasi-certaine d'être en train de tomber dans les pommes... Et au bout d'un moment, plus rien.

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'PNJ' :

— Debout là-dedans ! Nan mais c'est pas possible ça, je voulais te faire une blague et tu pionce encore...

Lorsque je me suis réveillée, je me sentais quand même un peu mieux. Toujours un peu patraque mais c'était supportable. J'ai bien vite remarqué qu'une main violette traversait mon visage de manière répétée. J'ai directement sursauté puis j'ai fait face au petit farceur : un Spectrum apparemment. Il était à moitié caché dans le mur de la grotte.

— BOUH ! Hurla-t-il un peu en retard, car je l'avais déjà vu...

— Oh là là, j'ai trop peur. Dis-je avec sarcasme.

— Bah... J'ai voulu t'attaquer mais t'es un type Normal. Je peux pas te toucher, tu peux pas me toucher...

— Va enquiquiner quelqu'un d'autre, alors. Y'a pas que des Evoli dans ce désert tu sais.

— Pas faux... Mais je meurs de faim. T'aurais pas une Pomme par hasard ? Et promis, après je m'en vais.

Il me faisait presque pitié. Mais je me suis souvenue que, moi aussi, je n'avais pas de pommes. J'étais aussi affamée que lui... Pas le choix, je devais utiliser une de mes baies Oran pour me remplir un peu l'estomac.

— Non... J'en ai plus. Par contre je peux te prêter une de mes baies Oran... à une condition. Je veux savoir si tu as vu un Caninos au pelage étrange récemment, et où il est parti.

Le Spectrum me fit un signe positif de la tête. J'ai alors cherché mon Sac d'Explorateur... Oh non, et si ce voleur me l'avait pris ?! J'ai commencé à paniquer pendant une demi-seconde puis j'ai remarqué qu'il était toujours par terre, à côté de moi et intact. Par contre, la pile de gemmes que j'avais vue dans la grotte a disparu. Il était sûrement déjà parti avec ses affaires...

Quoi qu'il en soit, j'ai posé une baie Oran par terre et Spectrum l'a prise.

— Merci. Donc, oui, j'ai vu un Caninos. Chromatique c'est bien ça ? Je l'ai vu se promener dans le désert, je crois qu'il allait vers les Plaines Elek, à l'Est.

Sérieusement... ? Décidément, ce sale fouineur adorait les endroits dangereux. Peu importe. Ce n'est pas ça qui me fera reculer. Je dois réussir à le faire parler pour savoir à qui il a vendu mon médaillon.

— D'accord. Merci de ton aide. Je vais devoir y aller tout de suite, je n'ai pas de temps à perdre, je dois le retrouver.

— Très bien... Et de rien, il était bien visible avec son pelage brillant de toute façon. Dans la nuit on ne voit que lui !

Sans attendre, j'ai quitté la grotte. Et en effet, la nuit était tombée depuis un moment ; j'étais restée évanouie pendant des heures... Mais pas question de laisser tomber pour autant. Je me suis lancée à toutes pattes dans le désert. C'était bien plus agréable de se promener de nuit plutôt que de jour ; la lumière de la Lune éclairait bien les environs et la tempête de sable s'était calmée. Je pouvais très facilement voir où j'allais.

Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour retrouver le vil Caninos. En effet, pour une raison qui pour l'instant m'échappait, il semblait s'être arrêté. J'ai trouvé ça bizarre. Pourquoi un Hors la loi resterait-il à découvert comme ça ? Et puis, c'est vrai qu'il se voyait de loin, une lueur provenait de son sac d'explorateur... sûrement les gemmes, et non pas son pelage, mais ça Spectrum ne pouvait pas le deviner.

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'PNJ' :

En voulant m'approcher, j'ai vite remarqué que le Caninos ne s'était pas arrêté par hasard. J'entendais des voix... Il était en train de discuter avec deux autres Pokémon. Une fois assez proche, j'ai pu discerner de qui il s'agissait : un Tétarte et un Nidorino. Ils n'avaient pas l'air d'avoir la joie de vivre, à les entendre. Sûrement d'autres sales Hors-la-loi comme ce cabot... En me cachant sous une dune un peu plus haute, je me suis allongée et j'ai commencé à écouter leur conversation.

— ... est dans la merde, nous. On s'est fait déloger par Magnézone. D'ailleurs. C'est pas tout ça, mais... t'as ce qu'on veut ?

— Non. Je vous ai dit que je viendrai vous l'apporter dans quelques jours. J'ai pas encore tout rassemblé.

— Oh, s'il te plaît. Et dans ce sac, c'est quoi ? Des petits cailloux qui brillent que tu veux offrir à ta petite amie ?

— C'est ça, ouais. Arrête de faire le con, Tétarte.

— Toi, tu vas arrêter de faire le con. On a assez attendu comme ça, et t'as toujours une excuse. A croire que tu te fiches ouvertement de nous.

— On va pas s'engueuler comme un vieux couple non plus, alors épargne-moi tes états d'âme. Je les ramènerai quand je les aurai.

— Je pense qu'on s'est mal fait comprendre. On veut les méga-gemmes tout de suite. Maintenant.

— Tu me fais un caprice, le nouveau ? Fais gaffe à toi, tu sais pas dans quoi tu te fourres.

Ouh là... Ça sentait pas bon. Si le Caninos se fait casser la tronche, je vais pas pouvoir le faire parler... Si ça dégénère, je vais peut être devoir agir. Mais comment ? Je suis faible comme un rat, et je suis morte de faim.

— Ok, tu cherches vraiment la merde là... On va devoir employer les grands moyens. Passe-les moi. Passe-moi toutes les méga-gemmes sinon je te refais la tête au carré !

— J'ai trouvé un meilleur acheteur, c'est clair comme ça ?! Vous me payez au lance-pierre, j'en ai eu marre au bout d'un moment. Je vaux mieux que ça, pour quelqu'un réputé comme étant le meilleur vendeur de méga-gemmes.

— Ouh là là. T'as vraiment osé ? C'est ridicule à quel point on va te démonter. T'es seul en plein milieu d'un désert contre deux Pokémon, et tu es désavantagé au type. T'espères quoi... ?

— Allez, pleures pas, on jettera ta carcasse dans les sables mouvants une fois qu'on en aura fini avec toi. Tu crèveras dans ton élément. Après tout, tu vis comme un reclus dans une grotte remplie de sable.

Je devais vite agir. Je me suis levée, et j'ai voulu courir vers eux pour tenter quelque chose, mais c'est là que j'ai vu le Caninos se défendre admirablement. Il s'est préparé avec une attaque Hâte, et lorsque le Nidorino lui a sauté dessus, il l'a littéralement envoyé balader avec l'attaque Bélier. Le Pokémon poison, sûrement aussi inexpérimenté que moi, est resté en sol en gémissant. Mais maintenant, c'était au tour de Tétarte d'attaquer. Ce bougre était en train de préparer une attaque Eau très puissante ; j'ai pensé à Hydrocanon.

Si il fallait que j'agisse, ça devait être maintenant. Hydrocanon est une attaque immonde et compliquée à esquiver. De plus, Nidorino, encore à terre, venait d'attraper la patte du Caninos pour l'empêcher d'esquiver. Sans vraiment prévoir quoi que ce soit, j'ai couru en direction de Tétarte. Quand soudain... J'ai senti un "clic" sous mes pattes. Un piège. Je m'attendais à subir quelque chose, mais rien ne s'est passé ; il ne s'était pas activé... C'était ma chance ! Les pièges peuvent parfois subir un dysfonctionnement. Maintenant, je savais quoi faire. Je me suis mise à courir de plus belle vers le Pokémon Eau qui se concentrait davantage.

Une fois arrivée sur sa gauche, je ne l'ai pas chargé tout de suite. Au lieu de ça, je l'ai dépassé, puis j'ai fait demi-tour, et seulement là je l'ai frappé de toutes mes forces avec une Vive-Attaque. J'ai cru que mon crâne allait rompre sous le choc, mais heureusement, j'ai juste perdu trois neurones. Tétarte a lancé Hydrocanon une demi-seconde après avoir flanché, ce qui a frôlé le Caninos mais sans le toucher de plein fouet. Le Pokémon Eau était encore assez loin du piège, alors je l'ai attaqué de nouveau. Et encore une fois, jusqu'à entendre le fameux "Clic" de nouveau.

La seconde d'après, Tétarte avait disparu. C'était un Télépiège, alors...

— Qu-Qu'est ce que tu fous ?! D'où tu sors ? Beugla Nidorino, pris au dépourvu.

— Moi aussi j'en ai après ce Caninos ! Mais j'ai besoin d'informations de sa part, alors pour le tuer, je suis pas trop d'accord.

— T'aurais pu y aller moins fort... On aurait pu faire équipe ou un truc comme ça. On lui aurait pris ses gemmes, on l'aurait bien tabassé, et on te l'aurait laissé après.

— ... Ouais, pas faux. Bah, trop tard j'imagine.

J'ai haussé les épaules. Honnêtement, je m'en fichais, ils n'avaient pas l'air d'avoir de bonnes intentions de toute façon. Le Caninos finit par profiter de l'inattention de Nidorino pour le massacrer avec Crocs Feu. Il s'est clairement acharné jusqu'à le mettre K.O. Il s'est ensuite approché de moi avec un air féroce sur le visage. Et merde...

— T'aurais pu te retenir. J'avais pas besoin d'aide. Et puis, je t'avais pas dit de plus jamais me suivre ? Lâche moi les basques à la fin.

Il n'a pas attendu de réponse et est juste parti. Je lui tiré la langue bruyamment. Il pensait vraiment que j'allais lui obéir ?!

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'PNJ' :

Bien évidemment que je l'ai suivi. Vous vous attendiez à quoi ? J'allais pas rentrer à la Guilde après tout ça. En parlant de Guilde, je sens que Pijako va me passer un gros savon quand je reviendrai, je suis supposée être rentrée depuis tellement longtemps...

— Qu'est-ce que je vais faire de toi... Commença le Caninos, désespéré.

— C'est simple. Tu me dis à qui t'as vendu mon médaillon et je me tire. Répondis-je en haussant les épaules.

— Tu vas l'agresser comme t'as fait pour moi, c'est ça ? Alors Non.

J'ai échappé un long soupir d'ennui et je l'ai regardé avec la mine renfrognée. C'est l'hôpital qui se fout de la charité, avec lui. Il en a rien eu à faire et s'est retourné pour continuer son chemin. Je l'ai rattrapé et j'ai marché à son rythme. Clairement, mon but était de l'énerver jusqu'à ce qu'il craque et me crache le morceau.

— Et si tu me disais d'où tu viens, avant que je ne te livre une quelconque information ? Dit-il à ma grande surprise. Quoi, il s'intéressait vraiment à moi ? Impossible.

— C'est pour venir piller ma maison, c'est ça ? Eh bien figure-toi que tu pourras pas. Je suis apprentie à la Guilde de Grodoudou. Essaie ne serait-ce que poser la patte sur la grille de l'entrée et le Maître viendra te botter le fion. Parce que je t'assure qu'une fois rentrée je leur parlerai de toi...

— Quand tu rentreras à Bourg-Trésor, je serai déjà loin. Et tu penses vraiment que je suis assez idiot pour me traîner dans ce genre d'endroit ? Tu vas me faire rougir.

— Et TOI, tu viens d'où ? J'ai bien le droit de savoir vu que je t'ai dit d'où je viens.

— Je viens d'un autre continent... mais ça n'a aucune importance.

Un autre continent ?! Waouh, je croyais que c'était que des rumeurs. Il aurait jamais dû me répondre, j'ai tellement envie d'en savoir plus, là... Le Caninos me lança soudain un regard lassé. Oh. Je crois qu'il a dû remarquer que j'avais des étoiles dans les yeux d'un coup.

— Remets-toi en. Ça se trouve, je suis en train de te mentir.

— ... Oh.

J'ai immédiatement affiché un air déçu, et je crois qu'il a esquissé un semblant de sourire à ce moment-là. J'ai failli le faire rire. C'est un exploit. Je n'ai pas eu le temps de me réjouir ceci dit. Des bruits étranges se sont fait entendre derrière nous.

— ... T'as appelé le Shérif ?! Le Caninos a paniqué d'un coup.

— Euh, non. J'ai oublié de le faire en fait. Dis-je avec une simplicité qui a sonné un peu trop déconcertante pour lui je crois bien.

— Bordel, c'est lui qui arrive ! Je dois décamper !

Il avait même pas fini sa phrase qu'il était déjà parti comme une tapette. Ha ha ha ! Je pouvais voir Magnézone et deux Magnéton arriver à toute vitesse vers moi. Je n'avais rien à craindre n'est-ce pas ?

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'PNJ' :

Je pensais clairement être tirée d'affaire, mais j'étais tellement loin de la réalité. Lorsque Magnézone et les Magnéton se sont arrêtés devant moi, je m'attendais à ce qu'ils me sauvent ou me proposent de l'aide, un truc comme ça. Eh bien, au lieu de ça... Ils m'ont attaquée.

— ZZZT ! Vous êtes une Hors-la-loi, par conséquent nous devons vous capturer. Toute résistante sera futile ! ZZZT !

Hors-la-loi ? Moi ? Mais de quoi il parlait ! J'essayais justement d'en capturer un, de Hors-la-loi !

— Vous vous trompez ! Je suis en mission pour attraper un Hors-la-loi, je suis loin d'en être une !

— ZZZT ! Ce ne sont pas les dires du Sabelette qui nous a appelés. Selon sa version, vous étiez en train d'aider ce Caninos recherché, cela fait de vous son complice ! ZZZT !

Un Sabelette ? Mais qu'est ce que ça venait faire là... J'ai alors vu ce fameux Pokémon. J'en ai déduit qu'il devait être un habitant du désert qui a assisté à la scène... Ah, génial.

Je n'ai pas eu le temps de l'insulter plus de deux fois dans ma tête, car Magnézone est revenu à la charge. Je n'avais rien à dire pour ma défense... C'est vrai, j'ai beau l'avoir fait sans y réfléchir, mais j'ai aidé un Hors-la-loi. C'était bien ma veine... j'allais devenir quoi, maintenant ?

Magnézone fut soudainement attaqué par une gerbe de flammes. Le Caninos venait à l'instant de... me sauver. Il s'est jeté sur Magnézone avec une attaque Roue de Feu, puis il s'est rapidement retourné en se préparant à la fuite.

— Dépêche-toi ! C'est trop tard pour les explications, dégage de là où tu finiras sous les barreaux ! M'a-t-il lancé.

Je n'avais pas le choix. Je me suis enfuie comme une malpropre, clairement à ce moment-là je me suis mal sentie, et une dose incroyable d'adrénaline s'est propagée dans mon corps, me rendant soudainement folle de peur. Et si... et si ils m'attrapaient maintenant ? C'était clairement mort pour moi. A partir du moment où j'ai décidé de fuir, j'étais confirmée coupable.

J'ai suivi le Caninos du mieux que je pouvais, mais il était incroyablement rapide. Je sentais déjà mon souffle s'accélérer, je n'étais pas endurante du tout. Le Pokémon Feu avait l'air d'avoir fait ça toute sa vie. C'est triste à dire, mais à ce moment-là, je l'ai admiré pendant quelques secondes.

J'ai entendu les mêmes bruits étranges que tout à l'heure. Magnézone s'en était vite remis et il nous pourchassait à nouveau. Oh non... Je devais vite trouver un moyen de le semer, sinon...

— Hé oh ! Par ici ! Hurla le Caninos.

J'ai tourné la tête sur ma gauche. Apparemment, il devait avoir vu une cachette ou un truc comme ça car il se dirigeait vers une cavité dans un énorme rocher. Je n'ai pas réfléchi, je l'ai suivi. C'est fou comme mon cerveau pouvait à ce point se focaliser sur une seule chose dans un moment de panique. Le corps d'un Pokémon était étonnamment bien fait, par moments.

Nous sommes tous les deux entrés dans la grotte. On était bien à l'étroit là-dedans, mais on en avait strictement rien à faire dans une situation comme celle-là.

— Reste pas plantée là, aide-moi à pousser ce rocher ! Allez !

Paralysée par la panique, je ne m'étais pas rendue compte qu'une fois entrée, j'étais restée figée sur place sans rien faire. Je me suis réveillée puis j'ai aidé le Caninos à déplacer le lourd rocher pour bloquer l'entrée. Magnézone se rapprochait à vue de nez. Finalement, on a réussi à déloger l'énorme caillou et il s'est mis à rouler contre l'entrée située un peu en contrebas dans un grand fracas.

Ouf... C'en était moins une... La tension est finalement redescendue et, même si j'entendais les Shérifs nous déblatérer des menaces, je me suis enfin sentie mieux. Le rocher était tellement gros et lourd que je ne pense pas qu'ils n'arriveront à le déloger dans une montée comme ça. Exténuée, je me suis laissée tomber sur l'arrière-train et j'ai levé la tête vers le plafond de la grotte.

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'PNJ' :

— Je comprends même pas ce qu'il s'est passé...

Je sais pas vraiment pourquoi j'ai dit ça. Mais je l'ai dit. Comme si ce Caninos allait m'apporter le moindre réconfort. Je me mettais le doigt dans l’œil jusqu'au coude.

— Bravo, tu viens de vivre ta première cavale. C'est toujours un peu effrayant la première fois.

Quelle réponse moisie. C'était un idiot. J'ai soupiré bruyamment et je n'ai rien répondu. La lueur de ses gemmes me permettait de voir un peu dans la minuscule grotte où on s'était réfugiés. La nuit allait être longue à ce rythme. Et puis Magnézone continuait à nous parler d'amende et ce genre de truc. Le Caninos s'est levé et a commencé à gratter le mur, j'ai pas trop compris pourquoi au début.

— Tu fous quoi ? Dis-je avec délicatesse.

— Je creuse. Ça se voit pas ? Tu pensais vraiment que je me suis rué dans cette grotte sans savoir ce qu'il y avait dedans ? En réalité, c'est ma deuxième planque.

Oooh... Une planque ? Mais c'était tout petit. J'ai vite compris. Le Caninos n'avait besoin que de creuser un petit peu, puisqu'un tunnel est apparu devant nos yeux. En fait, il s'amusait juste à reboucher le trou à chaque fois qu'il passait. Il m'a invité à passer en première dans le tunnel pour qu'il puisse "fermer" derrière lui.

En attendant, j'ai avancé un peu. Je suis arrivée dans une sorte de mini-salle. Ça menait à un autre chemin, continuant tout droit.

— Creuse à droite. Dit le Caninos derrière moi.

J'avais pas d'autre choix que de l'écouter. J'ai alors découvert un nouveau tunnel qui semblait monter. C'était pas vraiment facile d'effectuer une montée dans un chemin de sable durci, j'ai glissé plusieurs fois avant d'y parvenir. Cet idiot de chien s'est moqué de moi lorsque je me suis ramassée lamentablement contre lui. Mais bref, je suis arrivée dans une salle un peu plus grande cette fois.

Caninos est passé devant moi et ne perdit pas son temps. Il posa son sac par terre, et avec la lueur des gemmes, j'ai pu voir un peu l'intérieur de la grotte... Ouah, c'était joli pour un pseudo endroit miteux. Le sol tout au fond de la salle était de paille écrasée et quelques plumes étaient là pour faire doux aux coussinets. Sûrement là où il dort. Quant aux murs, il y avait quelques dessins dessus dont je n'ai pas compris la signification. Quelques bouts de papier étaient collés aussi.

Mon "complice" prit une inspiration puis laissa s'échapper une gerbe de flammes de sa bouche. Ainsi, il a pu allumer un petit feu dans la grotte. Des bouts de bois étaient idéalement placés pour ça.

— Bon, au moins on entend plus ces abrutis de policiers. C'est ma planque préférée. Toujours pas découverte. J'y ai mis toutes mes affaires plus ou moins précieuses, alors, un conseil : touche à rien.

Il a cru que j'allais tout cabosser parce que c'est rigolo ou quoi ? Pff. Je lui ai lancé un regard de travers, puis je me suis allongée dans le sable près du feu.

— C'est plutôt mignon ici. Dis-je machinalement.

— Pas le grand luxe, mais bon... Ajouta le Caninos.

— Moi j'aime bien.

— Ne l'aime pas trop alors, parce que dès que Magnézone s'en va, je te vire d'ici.

J'ai levé un regard sarcastique.

— Comme ça je pourrai dénoncer ta planque aux poulets ? J'ai lâché un rire gras.

— Essaie toujours, ils vont t'électrifier le cul à la seconde où tu pousseras leur porte. Répondit-il, de la même manière.

— Si je te dénonce, ils vont peut être finir par croire que je ne suis pas une Hors-la-loi.

Il n'a pas répondu et m'a regardé avec un air profondément ennuyé. Je lui ai renvoyé une expression triomphante. S'en suivit d'un silence un peu bizarre, j'étais presque mal à l'aise mais ça ne semblait pas déranger le Caninos qui est resté pensif tout ce temps. J'en ai profité pour regarder autour de moi. Ces bouts de papier... Il y avait quelques avis de recherche avec des têtes que je ne reconnaissais pas. En regardant dans un coin, j'en ai vu d'autres, mais cette fois, c'était les siens. Vu leur état, j'en déduis qu'il les a tous arrachés pour ne pas se faire prendre.

Par terre, à côté des avis de recherche, j'ai vu une photo. Apparemment, c'était le Caninos, et à côté de lui, un autre Pokémon... Il y avait son nom écrit.

— ... Donc tu t'appelles Kargo.

Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Il s'est directement arraché de ses rêveries dans un sursaut et m'a regardé avec un air gêné.

— Je t'ai dit de PAS fouiller dans mes affaires !

— Lexy...

— Quoi ?

— C'est mon prénom.

— Oh.

Encore un autre silence gênant. Décidément, on était aussi causants l'un que l'autre. Enfin, vu le contexte, ça se comprenait...

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'PNJ' :

Alors que le silence durait depuis un moment, le Caninos... enfin, Kargo a levé son regard vers moi.

— Bon. On attend encore quelques minutes puis on va vérifier où en sont ces idiots de flics.

— Entendu. Dis-je sans réfléchir, puis quelque chose d'autre me vint en tête. La vie de Hors-la-loi... C'est dur ? Je veux dire, je vais tenter de revenir à Guilde mais, je pense qu'ils m'ont déjà rayée de leur liste. Je suis censée être rentrée depuis quatre heures. Et avec Magnézone qui m'a ajoutée à la liste des têtes à rechercher...

Alors que je commençais à m'éterniser, le Caninos m'a coupé la parole pour pouvoir répondre. Eh bien, la politesse il connait pas.

— C'est la pire vie que tu peux mener. Certains font ça pour rigoler, mais franchement, je ne les comprends pas. C'est pour ça que pour éviter de croiser ces petits pois en guise de cervelle, je ne vais pratiquement jamais à la Taverne.

Je pouvais sentir la haine, voire le regret dans sa voix. Je ne comprenais pas vraiment. Il avait l'air si patibulaire et sûr de lui que j'ai du mal à imaginer le fait qu'il puisse regretter la moindre de ses actions.

— Je croyais que tu étais devenu Hors-la-loi par facilité, comme tous les autres. Je veux dire, c'est clairement choisir la facilité non ? De voler des P$ plutôt que de s'en procurer en travaillant honnêtement.

Il m'a fusillé du regard. Oups... Je crois que je l'ai énervé. En même temps, il n'y a que la vérité qui blesse. Et je crois bien que j'avais touché un point sensible.

— Pfff... C'est toujours sympa de voir que tu me considères comme une sale race alors que je t'ai sauvée.

— Tout ce que je fais, c'est constater la vérité.

— Eh bien c'est génial ! On devait justement vérifier si Magnézone est parti, tu vas me faire un plaisir de dégager du coup.

Je lui ai lancé un regard ennuyé, mais honnêtement je m'en fichais d'avoir vexé son pauvre petit égo. Je me suis levée et j'ai commencé à quitter la planque. Arrivée devant l'endroit à creuser, j'ai vite compris qu'il ne fallait pas partir tout de suite...

— ZZZT ! Ils se sont enfuis par ce chemin, à gauche ! Vite, par ici ! ZZZT !

Je me suis donc mise à attendre comme une pauvre idiote, et après une minute ou deux, je me suis risquée à creuser. J'ai rebouché derrière moi puis je suis repartie vers la minuscule grotte qui a été notre salut un peu plus tôt. Le rocher était détruit. Magnézone avait sûrement employé les grands moyens pour nous choper. Sérieux... Tout ça pour deux pauvres hors-la-loi.

En sortant de la grotte, je me suis retrouvée de nouveau dans le désert dans la nuit noire. Il devait être trois heures du matin, par là. Mon ventre me tuait et je commençais à sérieusement tomber de fatigue. Ma seule solution était de dormir un coup et de manger ma dernière baie Oran. Tout en mangeant le fruit comme un animal enragé, j'ai lamentablement prié Arceus pour que je puisse trouver de la nourriture le lendemain et assez vite.

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'PNJ' :

Alors que j'allais me coucher dans le sable pour tenter par n'importe quel moyen de trouver le sommeil, j'ai entendu des haussements de voix dans le lointain. Sérieusement ? Quelqu'un allait encore me déranger ? Oh, merde. C'était la voix du Tétarte et du Nidorino de tout à l'heure, et il y avait deux inconnus aussi... Ils semblaient s'engueuler sur le fait que les deux idiots n'ont pas réussi à voler les méga-gemmes de Kargo.

Génial. J'avais tellement pas envie de les entendre. Si seulement j'avais la force d'en prendre un pour taper sur les autres avec. Et puis hurler en pleine nuit comme ça, c'est pas du tapage nocturne ? Saloperies de hors-la-loi.

— Lexy.

Oh, non, pas lui aussi. Je me suis tournée vers lui sans rien lui dire, avec un air faussement fâchée. J'adore faire ça. Je me dispute avec quelqu'un, et même si j'en ai rien à faire, je prends un air énervée quand il vient me reparler. Appelez ça de l'orgueil mal placé, je sais pas pourquoi je fais ça en fait.

— Hé, attends... C'est pas Tétarte que j'entends là ?

— Oui. Je pense que ses patrons doivent lui mettre la fessée, et ça me les brise. J'aimerais bien dormir moi. Et je meurs de faim bon dieu, j'ai pas mangé de la journée, j'en peux plus.

Au fur et à mesure que je me plaignais ma voix allait crescendo. Quand on accumule de la frustration depuis le matin, au bout d'un moment, ça explose.

— ... Reviens.

— Non. Oui, j'ai vraiment dit non. Orgueil mal placé, soucis d'égo, tout ça, tout ça.

— ... ...J'ai des Pommes.

... Je lui ai lancé un regard bien blasé... Je savais que là, j'avais pas le choix. Je me suis levée et je lui ai fait comprendre que j'allais le suivre. Nous sommes du coup rentrés de nouveau dans sa planque. Cette fois, nous nous sommes assis au fond de la petite grotte, là où il y avait de la paille et des plumes. Il a fouillé dans son sac d'explorateur qui était posé non loin et en a sorti deux Pommes. L'une d'entre elles était pour moi.

— Voilà. Accepte ceci comme un remerciement, tu m'as quand même aidé tout à l'heure.

Il m'a tendu la Pomme et je l'ai bien évidemment acceptée. Oui, ça se trouve il l'a empoisonnée, mais franchement, après ne pas avoir mangé pendant une journée entière, c'était pas à ça que je pensais.

— Tu fais plus la tronche ? Dis-je entre deux morsures dans le fruit.

— Je boudais pas, n'importe quoi. J'apprécie juste pas quand on me juge mal comme ça.

— Si tu veux que je te juge correctement, alors dis-moi pourquoi tu es devenu hors-la-loi.

Je l'ai regardé intensément. Je voulais vraiment savoir, mais il n'avait pas l'air partant pour me raconter son histoire par le menu.

— Tu crois quoi ? C'est jamais ce que j'ai voulu être ! Être hors-la-loi c'est pas la vocation d'une vie, hein. Quand j'étais petit je rêvais pas qu'un jour j'allais voler la méga-gemme d'une Evoli amnésique et sans défense. Je rêvais pas qu'on me surnomme "le Traître" parce que j'avais peur de rien pour me faire de l'argent rapidement. Et je rêvais encore moins de voir ma tronche placardée sur chaque poteau à côté d'un "10000 P$, mort ou vivant". On devient pas hors-la-loi parce que c'est "rigolo". On devient hors-la-loi parce que la vie nous a craché dessus, voilà tout. Même ceux qui se la jouent caïd le savent, mais ils préfèrent faire genre.

Je l'ai écouté durant tout son discours, et pour être honnête, j'espérais dans ma tête qu'il se mette pas à pleurer au bout d'un moment parce que j'aurais pas su comment le réconforter. Heureusement, il est resté de marbre du début à la fin. Ça ne l'atteignait même plus. Vu que je ne répondais rien, il a poursuivi.

— Je ne ressens plus rien lorsque je vole des choses. Au début, je passais des nuits à me haïr moi-même pour ce que je faisais, et puis à force, c'est devenu normal.

— Alors pourquoi être un hors-la-loi si tu détestes autant ça ?

Il resta silencieux pendant un moment. Quand il s'est enfin décidé à parler, j'ai senti qu'il se forçait et que ça le faisait souffrir de ressasser ses souvenirs.

— Ma sœur à été kidnappée. On me propose une rançon hallucinante en échange... clairement ils ne veulent jamais que je ne la retrouve. Un million de P$. Mais elle est trop importante pour moi, c'est ma seule famille.

— Donc c'est pour ça que tu voles ces objets précieux. J'en ai que vaguement entendu parler, mais les méga-gemmes se vendent cher non ?

— J'en vends une pour environ 1000 P$. C'est rien comparé à mon objectif, alors j'en vole en masse. C'est ce qui part le mieux sur le commerce. C'est rare et convoité. Et puis, ça doit partir vite. Si je ne leur donne pas la somme dans... maintenant dans trois mois, ils m'ont dit qu'ils vendront ma soeur en tant qu'esclave au plus offrant.

— Une méga-gemme... Alors mon médaillon...

— Oui. C'en était une.

V-Vraiment. Alors ce Caninos peut m'en dire plus sur ce médaillon... Là, j'avais clairement une raison de rester avec lui. Il a dû voir mon regard s'allumer, et il a poursuivi en soupirant.

— C'était une Mentalite, plus précisément. J'ai pas d'autre information dessus. Je te dirai à qui je l'ai vendue si tu veux, mais on verra ça demain. Je suis crevé.

— Merci pour la Pomme. J'avais presque oublié ça, tiens. Il m'avait sauvé la vie ET l'estomac.

Il me fit un mouvement de tête et s'allongea lourdement sur le sol. C'est plutôt confortable comme lit. A la Guilde on a que de la paille, parfois ça pique, mais ici, elle est aplatie et recouverte de plumes, ce qui fait que c'est tout doux.

Je me suis couchée moi aussi, à une distance raisonnable du Caninos. Je voulais pas qu'il pense que j'allais le draguer ou un truc comme ça. Après un repas aussi soulageant, le sommeil est arrivé très vite et je me suis endormie comme une pierre, à trois heures et demi du matin et chez un hors-la-loi qui est devenu mon complice. J'étais vraiment une apprentie exemplaire.

Le moment de vérité.

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'Arrestation' :