Lorsque je me suis réveillée, je ne m'attendais pas à retrouver une presque montagne de baies posée pas très loin de moi. Il m'a fallu un bout de temps pour récapituler la journée d'hier, tellement il s'était passé de choses... Mais finalement, au bout de quelques secondes de remise sur terre, je me suis souvenue que je n'étais plus à la Guilde mais dans la base de Kargo le Caninos hors-la-loi. Ah oui.

J'ai lancé un œil sur toute la bouffe. Il avait trouvé ça quand, au juste ? J'ai ensuite regardé dans toute la salle, maintenant éclairée par la lumière du jour ; durant la nuit d'hier, je n'avais pas vu qu'il y avait quelques trous dans la roche du plafond qui laissaient les rayons du soleil pénétrer pendant la journée. Le Caninos n'était pas là. Lève-tôt, hein... Ou alors c'est moi qui a trop dormi. Après avoir consulté l'heure sur mon Gadget, je confirme que c'est moi qui a dormi comme une larve. Midi.

— Enfin debout ? T'es du genre un peu traînarde, quand même. Ça m'étonnera pas s'ils t'ont déjà oubliée, à la Guilde.

C'était la sale voix sarcastique de Kargo. Je l'ai regardé avec un air neutre, pour lui montrer que je me fichais totalement de ses railleries. Enfin, peut être que je n'avais pas l'air si "neutre" au final car il a rigolé. Tss.

— C'est quoi toutes ces baies ? Dis-je pour changer de sujet.

— Eh bien quoi, t'aimes pas qu'on te serve le déjeuner au lit ? Ingrate.

— A la Guilde, on mange jamais le matin. J'avais presque l'air idiote en disant ça.

— C'est débile. Si tu manges pas le matin, tu n'as pas assez d'énergie pour explorer, ça paraît logique pourtant.

— Maintenant que tu le dis, c'est vrai que c'est con.

— C'est juste des clodos qui s'assument pas. Tout s'explique. Les Apprentis sont mous comme des larves quand je décide de les piller. Il éclata violemment de rire. Drôle de sens de l'humour, mais j'ai ri aussi...

— Merci pour le repas en tout cas.

— Tu m'as juste fait pitié hier avec ton ventre qui a hurlé toute la soirée. Quand je pense qu'un soit-disant hors-la-loi te traite mieux que la Guilde, je sais pas quoi penser de ces aristocrates à deux balles.

Hé oh... C'est quand même lui qui m'a boulé à la plage il y a un mois de ça et qui m'a volé ma méga-gemme. Il avait pas tant de mérite que ça non plus. Enfin, j'ai préféré me taire et manger mes baies, si je le vexe encore une fois il va faire un caca nerveux.

— Bon, je dois partir. J'ai des méga-gemmes à vendre à la taverne souterraine de Bourg-Trésor. Il faudra aussi que tu rentres chez toi au bout d'un moment. Sois libre de partir dans l'après-midi.

Il s'est immédiatement retourné pour partir. Il s'attendait vraiment à ce que je parte comme ça ? Pas après tous les évènements d'hier. Avant de m'endormir, j'ai réalisé qu'on pouvait faire équipe ; il peut m'aider à retrouver mes souvenirs, et je peux l'aider à retrouver sa sœur car je ne suis pas aussi connue que lui, pour ne pas dire que personne ne me connaît, en fait. J'ai croqué dans une dernière baie puis je me suis levée.

— Attends.

Il s'arrêta et me lança un regard interrogateur. Bon, comment j'allais annoncer ça en fait ? ... Tant pis, j'opte pour la spontanéité.

— Je... Je peux t'aider. Tu peux m'aider. On pourrait faire équipe. On devrait, même.

— C'est quoi cette idée sortie de tes fesses ? Beugla-t-il.

Oups. Je croyais vraiment qu'il m'appréciait... Bah, tant pis. J'ai baissé la tête et, sans vraiment le vouloir, j'ai pris un air incroyablement déçu. Il a éclaté de rire après ça.

— Je rigole. Viens avec moi alors, mais sois prévenue ; si tu fais équipe avec moi, ce sera pas marrant à vivre. Et tu seras officiellement une hors-la-loi, tu vas devoir t'y faire.

Cette fois, son regard était très sérieux.

— J'en suis parfaitement consciente. Mais tu es la seule personne qui m'inspire confiance pour l'instant. Ça peut paraître fou vu comment on s'est rencontrés mais... Quelque chose me dit que je suis sur la bonne voie en restant avec toi. ... Enfin, sans vouloir faire de la drague hein.

Il m'a regardé bizarrement, comme si je lui avais fait une déclaration ou un truc comme ça. Je lui ai lancé un regard mi-agressif mi-gêné, pour lui faire comprendre qu'il ferait mieux de pas ouvrir son clapet. Bref, après quelques préparations nous sommes partis à Bourg-Trésor.

Lancer de dés.

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'PNJ' :

Avant d'atteindre la ville, il fallait qu'on retraverse cette maudite Forêt Trompeuse. Le voyage dans le Désert a été plutôt court car la grotte se trouve pas très loin de la sortie, mais pour la forêt, ça allait être une autre paire de manches.

— Bon. Vu que je fais cette route assez souvent, je connais un raccourci rapide, en moins de vingt minutes on arrivera à destination. Dit le Caninos.

Je n'ai pas répondu et je me suis contentée de le suivre. Il a emprunté une sorte de tunnel sous la terre, j'ai pas trop compris. Mais on semblait traverser tout le donjon en empruntant la voie souterraine, c'était plutôt classe. Enfin, jusqu'au moment où, au bout de dix minutes de voyage en étant serrés comme des patates et dans le noir, on a senti le plafond trembler.

— Ah oui, je t'avais pas dit. Le fait d'emprunter un tel raccourci fait disjoncter les étages du donjon, et le sol s'écroule. D'où le fait qu'il faut se magner. Cours. COURS !

— Oh bordelbordelbordel merde ! Pourquoi ?! Hurlai-je. Il risquait notre vie juste pour du temps gagné là ?!

— Parce qu'on gagne du temps ! Et si tu cours assez vite tu sors sans te faire écraser alors magne ton cul ! Beugla-t-il en réponse. Abruti.

Au final, il est sorti en trombe du tunnel. Je sentais des gros morceaux de terre s'écraser sur moi. Si je n'avais pas effectué un tonneau en catastrophe à la sortie, j'aurais fini enterrée vivante.

— Avoue, tu voulais te débarrasser de moi. Dis-je, furibonde.

— Non. Mais te mettre au test, oui. Répondit-il en esquissant un sourire à moitié démoniaque.

Il avait l'air un peu fier du résultat quand même... Ça veut sûrement dire que je suis à la hauteur...

— T'as de la terre sur ton postérieur blanc. Me fit-il remarquer, encore hilare.

— Non mais ferme la à la fin.

Je me suis secouée dans tous les sens comme un chien, mais j'avais encore des traces de terre que je ne pouvais retirer qu'avec de l'eau. J'en ai soupiré.

— T'es pas très sexy, Lexy.

Cette fois, je l'ai juste baffé. Il m'a tendu la joue et a rigolé après.

— On y va.

J'étais rouge de colère, alors j'ai fait semblant d'ouvrir la marche pour une fois. Nous avons quitté la forêt sans plus d'encombres, et heureusement.

Alors que Bourg-Trésor approchait, Kargo s'est adressé à moi.

— Tu te doutes bien qu'ici je suis recherché. Donc je te conseille de faire profil bas, on se déplace uniquement pour atteindre les souterrains. Ne regarde personne dans les yeux. Contente toi de faire ta petite vie sans te mêler de qui que ce soit, et tout devrait aller.

J'ai hoché la tête et on a agi comme prévu. On s'est dépêchés d'entrer dans les souterrains malgré les regards indiscrets que nous lançaient certains habitants. J'y ai reconnu un apprenti qui me connaissait. Merde et tant pis.

On s'est approchés de la Taverne. J'ai directement senti qu'on arrivait dans un endroit peuplé de gens bizarres et infréquentables. J'ai vu un Machopeur, un Dimoret, un Arbok, ce genre de Pokémon qui font froid dans le dos. Ils me regardaient tous bizarrement. Était-ce parce qu'ils ne me connaissaient pas ou parce que j'avais l'air d'être une petite fille sans défense ? Dans tous les cas, j'ai évité leur regard, comme me l'a conseillé Kargo. J'avais aucune envie de les fixer de toute façon, ils me faisaient limite peur. Le Caninos s'approcha de moi pour me chuchoter quelque chose.

— ... Je vais aller voir un Pokémon. Contente-toi de ne pas me quitter d'une griffe, OK ? Et tu sors pas un mot. Fais comme si t'existais pas.

Ça va, je suis pas une idiote non plus. Il m'infantilise parfois... Mais je dois avouer qu'au moins, je me sentais en sécurité. Je me serais fait dessus quinze fois en deux minutes si j'étais venue ici toute seule.

Nous sommes finalement entrés dans la taverne, et là, j'ai failli me figer de peur. C'était rempli de Pokémon chelous et bad boys en tout genre. Certains me lançaient des regards étranges alors je me suis contentée de regarder mes pattes. Vite qu'on en finisse.

Kargo s'est installé à une table où se trouvaient un Mangriff chromatique, un Dracaufeu et un Némélios. Il n'a pas hésité une seconde à se taper l'incruste, c'était incroyable. De mon côté, je me suis timidement assise sur une chaise et je me suis fait petite comme une souris.

— C'est pour la Mangriffite et la Dracaufite X. Dit le Caninos, impassible.

— 2500 P$ les deux c'est bien ça ? Répondit le Mangriff, visiblement c'était le chef de sa petite équipe.

— Exact.

— Ok, je te les prends.

Sans plus de cérémonie, le Mangriff jeta l'argent sur la table et Kargo attrapa les pièces avec une dextérité à en couper le souffle. Clairement, il était habitué à cette vie. Alors qu'il rangeait son butin dans son sac et qu'il sortait les deux méga-gemmes promises, j'ai levé un peu le regard et j'ai remarqué que le Dracaufeu et le Némélios me fixaient. Ils se sont ensuite regardés et ont rigolé comme des gorets. Pff... J'ai voulu m'énerver, mais tout ce que j'ai réussi à faire, c'est de baisser la tête de nouveau.

— Tu t'es perdue ici ? Finit par demander le lion de feu.

Je n'ai pas répondu et je suis restée immobile. C'est totalement idiot mais j'espérais qu'il finisse par lâcher prise.

— Hey, je te parle. Le Caninos c'est ton pote ou t'es juste une... tu sais quoi un peu timide ?

— Du calme. Répondit Kargo à ma place. Elle m'accompagne, alors fous-lui la paix.

— Ohh, c'est pas drôle. Tu sais, j'aurais payé pour toi ma petite.

C'en était trop. J'ai levé mon visage rouge de honte et je l'ai fusillé du regard.

— Si mon ami était pas en train de te vendre des gemmes, je t'aurais déjà vrillé la tronche. Va te faire mettre avec ta tête d'étoile de mer.

Le Némélios ne l'a même pas mal pris, à ma grande surprise. Il a juste regardé Dracaufeu et s'est poilé comme un malade. Il en revenait pas que je lui avais répondu ça. Kargo est vite parti de la table et m'a fait signe de le suivre. On est sortis de l'auberge, puis du souterrain en vitesse. Une fois arrivés dans un recoin isolé de Bourg-Trésor, il m'a parlé.

— Ça a failli dégénérer. Sérieux, ça va pas ! Je dois te dire un truc, dans cette taverne les femelles sont traitées comme des moins que rien, sauf celles qui ont su se faire un nom. Il faut t'y attendre quand tu rentres là-dedans.

— Tu pensais vraiment que j'allais rien lui dire ? Il m'insultait clairement de... de...

— C'est monnaie courante. Tu peux avoir du répondant si tu veux, mais assure-toi de savoir te battre derrière sinon t'es morte.

J'ai baissé la tête. A ce moment j'avais presque envie de pleurer de frustration, mais j'ai ravalé mes larmes et j'ai repris un air plus ou moins neutre.

— Bon, il nous reste toute l'après-midi. Tu veux qu'on tente de voler quelqu'un ? Histoire de te montrer comment ça marche ?

— Pourquoi pas...

Kargo a ouvert son Orbe des Missions et nous avons choisi la requête d'un Pifeul. Il organisait une petite sauterie dans un donjon où tu te gèle les roubignoles, j'ai absolument pas compris son délire. Mais il avait l'air d'un richard, alors on a décidé de tenter notre chance avec ça.

Apparemment, on devait consulter un Lokhlass pour le transport jusqu'à la Grotte Lézarde. C'est donc ce qu'on a fait en se prenant pour des honnêtes gens... Heureusement que Lokhlass s'en fiche de qui il emmène dans les donjons.

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'PNJ' :

Nous avons enfin posé le pied sur l'Ile Blizzard. J'étais à moitié endormie à cause du voyage. Kargo, lui, ne perdait pas le nord et s'est précipité vers le Donjon Mystère, m'obligeant à me donner un coup de fouet intérieurement pour le suivre. Alors qu'on courrait dans les méandres du donjon, au passage on était pas du tout prudents en faisant ça, le Caninos m'a lancé :

— Bon. J'ai pas de temps à perdre alors on fait ça au pas de course ! Pour la baston tu peux rester un peu en retrait, je peux m'en occuper seul. Contente-toi de rester en seconde ligne et de me couvrir.

J'ai soupiré. Sérieusement, ça sentait le piège tout ça. Il courrait comme un attardé dans les salles en posant ses pattes n'importe où, même Keunotor de la Guilde m'a dit qu'il fallait pas faire ça.

— Ça va, calme-toi quand même, on va se mettre en danger si tu continues !

— Qu'il vienne alors, le danger ! S'esclaffa le Caninos en guise de réponse. Il était sérieux, là ?

Ce qui devait arriver arriva. L'une de ses pattes buta sur un piège à peine visible, et une odeur très agréable commença à se répandre. En quelques secondes, plein de Pokémon se sont ramenés dans la salle pour aller la sentir, puis ils nous ont vu.

— Haha ! Ramenez-vous ! Cria Kargo en riant de bon cœur. Il aimait vraiment la bagarre en fait.

Il a foncé dans le tas et a commencé à tous les frapper avec Rebondifeu. J'ai fait comme j'ai pu pour le couvrir : vu le nombre de Pokémon qui se ruaient sur lui, j'ai lancé un Vœu pour le soigner lorsqu'il sera bien amoché, c'est-à-dire dans probablement 10 secondes vu la situation. Kargo a encaissé les coups comme un fakir et il osa même quelque chose de complètement timbré.

— Bande de mauviettes ! Votre mère vous a pas appris à vous battre ? Ou bien elle vous a abandonnés vu votre stupidité !

C'était bel et bien une attaque Vantardise. Quel abruti de première... Même si maintenant tous les ennemis étaient confus, ils tapaient comme des brutasses. Kargo se prit deux énormes baffes qui l'ont fait tituber, mais heureusement, mon Vœu s'est réalisé une seconde plus tard, ce qui l'a remis sur pattes. Ce taré a répliqué avec une attaque que je pensais même pas possible pour lui : Éclair Fou. Il avait fait ça pour se débarrasser d'un Couaneton... Plutôt intelligent.

Malheureusement, il y avait aussi un Sablaireau dans la bande qui a commencé une attaque Ampleur. Oh. Ampleur 10. Génial. J'ai effectué une roulade comme dans les films d'action vers mon co-équipier alors que le sol commençait à trembler très dangereusement, puis j'ai lancé in-extremis un Abri.

On a vu tous nos ennemis se faire décimer par cette attaque dévastatrice. Il ne restait plus que Sablaireau qui est tombé de fatigue par la suite. Bon bah... C'était fini.

— Beau travail, Lexy. Sans toi j'aurais sûrement du utiliser Abri moi-même.

— Avec le contrecoup d'Eclair Fou que tu t'étais pris avant ? Tu rigoles ?

— Je l'aurais fait. Un peu en retard, mais quand même.

Il a levé la tête d'un air triomphant et est parti. Quand même...

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'PNJ' :

Nous avons bien vite débarqué dans le donjon de la Grotte Lézarde, situé dans celui de l'Ile Blizzard. A la vitesse où on courait en même temps... Ça avait le mérite de nous faire gagner du temps. Au bout d'un moment, nous sommes tombés sur un Lombre et un Pifeuil. Oh, voilà les "clients"...

Ils étaient en train de transporter des marchandises ça et là. Ils s'attendaient sûrement à voir débarquer de gentils explorateurs prêts à leur livrer leur tonneau de binouze... Hé hé. Si seulement ils savaient, ces idiots.

— Lexy, regarde... On a de la compagnie.

Il m'a pointé un endroit plus loin, et en effet, il y avait deux équipes d'exploration... qui se disputaient un tonneau de jus de baie. Tiens, c'est bizarre. Sûrement une équipe qui s'est ramené avec et l'autre qui a voulu le leur voler.

Bien vite, Pifeuil et son ami se sont rués vers eux pour tenter de les calmer. Hé, mais c'était notre chance ! J'ai fait signe de la tête à Kargo et nous nous sommes faufilés vers la salle du donjon utilisée par les fêtards. Il y avait déjà quelques Pokémon sur place, mais ils ne semblaient pas s'alarmer de notre présence. Nous avons donc fait semblant d'avoir été invités, puis nous sommes allés dans des coins sombres.

— Bon, avec cette glace qui renvoie la lumière dans tous les sens, ça risque d'être compliqué... On va d'abord repérer un sac qui a l'air intéressant, OK ? Me dit Kargo, concentré et sérieux.

J'ai lancé mon regard un peu partout. Dans un coin de la salle, les sacs des invités étaient empilés les uns sur les autres. J'ai fait mine d'y installer mon sac d'explorateur, mais en réalité je regardais ce qui pouvait bien nous intéresser... J'ai vu une petite lueur dorée émaner d'un sac à l'air cher, c'est sur lui que j'ai donné des signaux de regard au Caninos. Il a hoché la tête, l'air satisfait de ma trouvaille. Il s'approcha de moi et me chuchota à l'oreille :

— Je vais me servir de la glace pour éblouir tout le monde dans la salle. Attrape ce sac. Au moment où tu poseras ta patte dessus, je lancerai mon attaque Zénith et on décampera le plus vite possible. D'ac ?

J'ai hoché la tête. Je me suis donc approchée du sac, et à peine je l'ai touché qu'il était déjà en train de charger son attaque. Je devais faire vite. Je l'ai enfilé du mieux que je pouvais, et alors que tout devenait blanc dans la salle, Kargo a attrapé la bandoulière de mon sac d'explorateur avec sa gueule pour m'indiquer le chemin à emprunter. Nous nous sommes enfuis comme des sales voleurs, mais j'en ai tiré une drôle de satisfaction... Comme si j'étais contente que notre plan ait si bien marché.

Nous avons couru jusqu'à être le plus loin possible de la fête. Essoufflée, j'ai proposé de prendre une pause dans une cavité dans le mur.

— Tu te fatigues vite, mais je dois avouer que c'était du bon boulot. T'es pas si inutile que ça.

— D'ailleurs, après cette mission, je veux savoir à qui tu as vendu ma méga-gemme. Donnant donnant !

— Très bien, très bien. Mais si c'est comme ça, on ira la récupérer... pardon, la voler ensemble. Il étira un grand sourire satisfait. J'ai hâte de voir ce qui nous attend dans ce sac, haha !

— Je vous ai vus, les voleurs ! Pas la peine de vous cacher, je sais que vous êtes là !! Une voix tonna dans les couloirs du Donjon Mystère.

— Roh, faut toujours qu'il y ait un idiot pour nous poursuivre. Râla Kargo.

J'ai commencé à stresser. Comment allait-on se débarrasser de celui-là sans trop se faire remarquer ? La fête était encore pas très loin, il suffirait d'un peu d'agitation et on aurait tout le monde aux fesses.

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'PNJ' :

On s'est approchés vers l'inconnu pour lui coller une subtile rouste, mais le destin nous a dit "Non" et un piège Trappe s'est ouvert à nos pieds. Dans un sens, c'était cool car on était tirés d'affaire. Mais dans un autre on s'est quand même bien fait mal aux fesses.

— Souvent les pièges m'exaspèrent, mais là c'était plutôt bien tombé. Dis-je comme pour essayer de me rassurer vis à vis de la douleur.

— On en profite pour décamper. Affirma le Caninos.

Ce que nous avons fait sans attendre. Nous sommes sortis du donjon et Lokhlass était là pour nous emmener à Bourg Trésor. La nuit est vite tombée. Sur le chemin, Kargo m'a chuchoté un truc.

— N'empêche, un jour il faudra recruter un type qui acceptera de nous emmener n'importe où par la voie des airs. Bientôt, on sera des malfrats super connus vu comme on bosse ensemble. Héhé.

— Je confirme. Dis-je en me prêtant au jeu.

J'y croyais pas une seconde à son histoire de célébrité, mais autant lui faire plaisir. Nous sommes arrivés à bon port après quelques longues minutes d'attente, puis on s'est dépêchés de sortir de la ville.

— Il fait déjà nuit... Je pense qu'on va s'arrêter à l'entrée de la Forêt Trompeuse et y camper. C'est à cinq minutes de là, allons-y.

— Bonne idée. Je suis crevée, je refais pas de donjon aujourd'hui.

Nous sommes arrivés devant la Forêt de l'enfer. J'ai trouvé un coin sympa plus ou moins caché et Kargo est parti chercher des bouts de bois pour faire un feu de camp. Quant à moi, j'ai rassemblé quelques liasses de feuilles pour faire des lits, et j'ai posé notre butin. N'empêche, il était lourd ce sac, j'espérais vraiment y trouver des trucs intéressants. Ceci dit, pour l'ouverture du trésor, j'attendais l'arrivée de mon co-équipier, histoire qu'on savoure ça ensemble.

J'ai ouvert mon propre sac pour y sortir notre repas du soir : quelques Baies ramassées sur le chemin et deux pommes. La nourriture dans ce monde n'était pas super variée, mais imaginez si on devait manger tous les jours de la viande. Il y aurait beaucoup de Pokémon tués juste pour le plaisir. Il paraît que certains hors-la-loi complètement timbrés en font leur business... Ils s'en prennent à des Pokémon type Ecremeuh ou Frison et les transforment en ragoût. Et le pire c'est qu'ils trouvent des acheteurs. Beurk.

— Ah, le repas est déjà servi ? Super ! S'esclaffa le Caninos, de retour.

Il posa quelques petites buches par terre, jusqu'à former un mini-feu de joie, et alluma le tout avec son souffle de flammes.

— Avant de manger, découvrons ce qu'il y a dans ce sac. Proposai-je.

— Ah oui ! Je meurs d'impatience de voir ça.

Sans attendre, nous avons ouvert le sac. Nous y avons trouvé quelques P$ et des outils d'exploration en vrac. Il y avait un Gadget et un Badge, aussi. Apparemment, cette personne était explorateur tout comme nous. Kargo s'est empressé de sortir le matériel d'explorateur hors du sac.

— Il faut que je m'en débarrasse, sinon on risque de nous tracer avec ça. Justifia-t-il.

Il se mit à détruire les objets avec un Lance-Flamme. Il les envoya ensuite voler plus loin avec sa patte.

— Des P$, des baies et des graines, quelques orbes... Bof, au final. Pas une seule méga-gemme. Dis-je en haussant les épaules.

— Oh, regarde ça ! Des CT ! Ça, ça se vend une fortune !

Le Caninos semblait être transporté de joie à la vue de ces objets rares. Bon, au final on a pas fait tout ça pour rien ! Il a attrapé une baie et l'a dévorée. J'en revenais pas de le voir si content. Ou peut-être était-il juste rassuré de gagner du temps sur la rançon de sa sœur...

— ... Ta sœur, elle ressemble à quoi ? Demandai-je presque innocemment.

Kargo reprit un air grave. Ah. Je venais de casser l'ambiance visiblement. Il réfléchit un moment avant de répondre.

— Ce n'est pas réellement ma sœur. On s'est juste adoptés si tu veux, mais on a pas les mêmes parents. Ma sœur... tu ne vas peut être pas me croire, mais c'est un Pokémon légendaire. C'est pour ça qu'elle a été enlevée.

J'en suis restée bouche bée. Wouah... On va partir à la recherche d'un Pokémon légendaire ?! C'est incroyable, je pensais pas qu'il connaissait quelqu'un comme ça.

— Ces abrutis pensent qu'ils peuvent la revendre en tant qu'esclave juste parce qu'elle est unique en son genre. Mais avant ça, comme pour me faire souffrir, ils me proposent une rançon impossible. Ils sont persuadés que je ne peux pas payer ça.

Je me suis sentie un peu mal à l'aise de l'avoir fait de nouveau ressasser son passé, mais c'était nécessaire maintenant que je suis sa co-équipière. J'ai alors poursuivi la conversation.

— Et donc... C'est quel type de Pokémon, exactement ?

— C'est une Latias. Non seulement elle fait partie d'une race de Pokémon exceptionnelle, mais en plus elle est noire et blanche au lieu d'être rouge et blanche. D'où l'intérêt des malfrats envers elle, tu comprends qu'elle pouvait ramener pas mal d'argent rien que par sa simple existence.

— C'est fou. Alors elle a une autre couleur de pelage comme toi et moi ?

— C'est encore différent de ça. Moi, je suis juste chromatique, mais toi et elle, vous êtes encore dans une autre catégorie... Tu sais, elle était assez impressionnante de par son physique, mais derrière ce masque c'était quelqu'un de gentil. Et d'un peu directe et garçon manqué, aussi. Tu me fais penser à elle par moments. Kargo semblait plongé dans ses pensées tout en disant ça à voix basse.

Au bout d'un moment, il se leva en silence.

— Bon, j'ai envie de prendre l'air avant de dormir. Tu veux peut-être venir ?

J'ai hoché la tête et nous sommes partis dans un petit bois en contournant l'entrée de la Forêt.

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'PNJ' :

HRP:

Nous avons commencé en marchant tranquillement sur le chemin mi-éclairé par la Lune. Kargo avait le sac volé sur lui, il était pas assez fou pour le laisser là-bas... Et si il y avait pas pensé, moi, j'aurais oublié.

— La Mentalite... Commença-t-il à voix basse, Je l'ai vendue à un Bétochef. Je sais pas trop pour quelle raison il en voulait une, mais ça l'intéressait plus que tout, il me l'a achetée à 2000 P$ plutôt que 1000. Tout ça parce qu'un Mentali avait surenchéri avec 1200 P$, il a sorti un prix de taré juste pour l'avoir. Un idiot, quoi. Enfin, moi, je me suis bien rempli les poches ce jour-là.

Il s'esclaffa doucement. Pff... Y'a que lui que ça faisait rire. Maintenant que je savais qu'un Pokémon de type COMBAT avec une force de brute tenait à ma gemme comme à la prunelle de ses yeux... ça allait être marrant, tiens.

— Génial. Dis-je, sarcastique.

— Mais ne t'inquiète pas. Il est hors de question que je perde de l'argent en lui rachetant la gemme, par contre on s'arrangera pour la lui voler d'une manière ou d'une autre.

— C'est facile à dire... J'ai soupiré.

Il pensait qu'on allait la retrouver comme par magie ? Un Bétochef, quoi... Il aurait pas pu trouver pire. Kargo s'est arrêté et m'a regardé un moment. Je lui ai lancé en retour un air désinvolte.

— Viens, on va s'amuser un coup !

Il esquissa un rictus qui m'inspirait rien de bien, mais je l'ai suivi. Il m'a emmené sur le tunnel chelou de ce matin. Oh non !

— Quand j'ai envie de me défouler, je cours dans ce tunnel jusqu'à ce qu'il commence à s'écrouler. Puis après, je fais demi-tour et je tente de sortir. Certes c'est risqué mais ça m'entraîne. Et c'est pas comme si je tenais énormément à ma vie de toute façon.

Oh non, qu'il refasse pas le dépressif. J'ai tout de suite continué la conversation pour ne pas que son moral refasse une baisse.

— Aha, heu, oui, allons-y gaiement ! J'avais l'air franchement idiote avec ma fausse voix heureuse, mais bon.

On a tous les deux foncé à toute vitesse dans le tunnel. Arceus, pitié, fais en sorte que je sorte de là vivante. J'ai couru à toutes pattes mais j'essayais quand même de ralentir en faisant à moitié genre d'y aller à toute vitesse, parce que quand même, je voulais pas tomber de fatigue à la moitié.

— Haha ! Allez, du nerf ! Si tu ralentis encore plus tu vas faire de la marche arrière là !

— Pff... Tu vas voir !!

J'aime pas qu'on me provoque ! Alors juste pour lui faire fermer son clapet, j'ai couru de plus belle jusqu'à pratiquement le dépasser. Je haletais violemment mais j'ai réussi à glisser entre ma respiration quelques mots pour le narguer.

— Alors, on suit plus, l'es-kargo ?!

On a commencé à ralentir et il m'a lancé un rictus entre l'énervement et l'amusement, j'ai éclaté de rire en voyant cette tête de constipé qu'il m'a tiré. Le sol a soudain tremblé. Oups...

— Viiiite ! Cria le Caninos en faisant demi-tour.

Bordel, cette fois j'allais y passer je sais pas pourquoi. En même temps, quelle idée d'avoir piqué un sprint comme ça... Je l'ai regretté amèrement pendant ces quelques secondes où j'ai poussé mon corps à sa limite. J'ai lancé quelques Vive-Attaques pour reprendre du terrain et je me suis retrouvée aux côtés du Caninos. Finalement, alors que de la terre commençait à nous tomber dessus, nous sommes sortis de justesse ; on avait quand même la queue et les pattes arrières enterrées.

Kargo a forcé comme une brute pour se tirer du piège, puis il m'a aidé à retirer la terre sur moi. Je voulais plus bouger, j'en pouvais plus. Demain j'allais avoir tellement de courbatures que j'en tiendrai plus debout, j'en suis sûre.

— Bon, allez, lève-toi. T'as encore l'arrière-train sale maintenant. Décidément t'es pas propre. Dit le Caninos chromatique juste pour m'emmerder.

Je me suis finalement levée après une trentaine de secondes à reprendre mon souffle.

— On continue la balade ?

Il m'exigeait presque l'impossible. J'étais juste morte. Je commençais à voir son vrai visage... c'est un petit gamin en fait.

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'PNJ' :

Vu que le Caninos en voulait visiblement encore, j'ai tenté de marcher à ses côtés. Mes pensées étaient obstruées par des envies incroyables d'aller me coucher, mais je résistais encore.

— Faut qu'on se promène encore pendant trois plombes pour que tu en aies enfin marre ? Dis-je, à bout de forces.

— Oh, on va rentrer tranquillement alors. Puisque tu as si peu d'endurance. Lança-t-il.

— En fait c'est pas trop dans mes habitudes d'aller risquer ma vie pour le plaisir parce que j'ai besoin de ça pour faire dodo tranquillement. Je l'ai regardé en haussant un sourcil.

Il a ri pendant un petit moment, puis nous nous sommes dirigés vers la sortie de la Forêt Trompeuse. Tous les Pokémon sauvages du donjon devaient probablement dormir comme des enfants, vu qu'on en a pas croisé un seul.

Nous sommes retournés au campement sans encombre et je me suis empressée de me rouler sur mon lit de feuilles. Ah, enfin allongée !

— C'est quand même bizarre. Tu n'as pas le moindre souvenir de ton passé, toi ? Dit Kargo en s'installant à sa place.

— Non. Pour une raison qui m'échappe, je crains les chocs à la tête, mais je n'avais pas de blessure quand je me suis réveillée. Aucun indice de ce qui a bien pu m'arriver... Juste ce médaillon.

Le Caninos baissa la tête et sembla réfléchir un moment. Quant à moi, je me suis roulée sur le dos et j'ai regardé les étoiles. C'était plutôt agréable de camper à la belle étoile, pour une fois. Le ciel était dégagé et il y avait juste une brise un peu froide qui était rattrapée par la chaleur du feu. Je n'allais avoir aucun mal à dormir comme ça.

— Demain, on fera quoi ? Dis-je machinalement.

— Sûrement d'autres vols. Ça risque vite d'être ennuyeux, je te le dis tout de suite.

Quoi ? Il avait déjà oublié à propos de sa bourde ? Il me devait une méga-gemme quand même.

— Et le Bétochef alors ? J'aimerais bien récupérer ma gemme !

Il prit un air mi-désolé mi-agacé. Il est drôle avec ça. C'est comme si il était incapable de choisir entre deux émotions. Tous les Pokémon sont directs lorsqu'ils ressentent quelque chose en général. Ils sont souvent incapables de faire preuve de complexité... Pourtant moi, j'y arrive.

— Désolé, pour le Bétochef c'est pas pour tout de suite. On y arrivera jamais à notre niveau actuel. Dis-toi qu'il faudra, dans 90% des cas, le battre pour récupérer ton objet. Tu t'imagines essayer de battre un Bétochef en tant qu'Evoli ?

— Euh... non... Maintenant qu'il le dit...

— Ceci dit j'ai une idée pour la suite. On m'a proposé de rejoindre un gang, je travaille pour eux et en contrepartie ils me paient. Ça me permettra de me faire de l'argent plus vite.

Quoi... ? S'allier à ces affreux de la Taverne là ? J'avais aucune envie d'y retourner à cause de ce qui s'est passé ce matin... Mon visage a vite tourné au blanc livide, et Kargo l'a remarqué alors il s'est empressé de parler.

— Tu viendras avec moi mais t'inquiète pas ! Je t'entraînerai un peu, comme ça tu pourras casser des culs si on t'embête. Et puis, je peux aussi te défendre hein...

— Dans tes rêves.

— Allez, je suis sûr que parfois, avoir des gros bras auprès de toi ça doit te rassurer.

— Ce matin c'était pas faux... Mais t'es loin d'être un "gros bras" comme tu dis. T'es une demi-portion de Caninos, je dois te le rappeler ?

Il a soupiré et a pris un air faussement vexé. D'ailleurs, pour renforcer l'illusion, il m'a tourné le dos et s'est couché. Ha ! J'ai lâché un rire bien gras.

— Je suis plus que prêt à évoluer en Arcanin. Je pensais bientôt m'acheter une Pierre Feu, tu sais. Et là tu pourras parler de gros bras, largement même. Dit-il, toujours dos à moi. Et bien, il semblait déterminé, c'était déjà ça.

J'ai de nouveau regardé le ciel. Je n'étais pas fatiguée du tout, et puis, cette discussion avec Kargo me plaisait étrangement. Je voulais en savoir plus sur son passé et sur cette mystérieuse Latias.

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'PNJ' :

Nous sommes restés silencieux pendant un moment. Je pense que le Caninos appréciait autant que moi la tranquillité du moment présent. A un moment, il s'est tourné et a observé le feu de bois.

— Oh, je crois que j'ai mal calculé le nombre de buches. Il faut que j'en ramène d'autres. J'arrive.

Il se leva immédiatement et se mit à marcher sur le chemin que nous avions emprunté pour la balade. Sauf que j'ai entendu un "Clic". Oh, il a marché sur un piège... Pitié, pas un truc qui explose.

— Un piège PP-Zéro... Comme si j'en avais quelque chose à battre. Râla-t-il au lointain. J'ai répondu en ricanant.

J'ai attendu son retour, mais il a quand même pris quelques minutes, et le sommeil arrivait à grands pas. Sans m'en rendre compte, je me suis roulée en boule et j'ai commencé à somnoler. Je luttais contre le sommeil mais en même temps je refusais de me lever. Alleeeez, reviens, j'ai envie de parler moi, pas de dormir...

J'ai entendu le bruit des buches à côté de moi. Ah, il était revenu. J'ai levé faiblement la tête vers lui et j'ai tenté de ré-engager la discussion alors que j'en avais clairement plus les forces.

— Héé... Ta sœur, elle s'appelle comment ?

Il m'a souri avec amusement, presque prêt à se moquer de moi. J'étais si drôle à voir que ça ? Ou alors c'était juste un idiot ? Ouais, deuxième option je pense.

— Va dormir, t'es fatiguée.

— Noooon, tu me diiiiiis.

— Elle s'appelle Abena. Elle serait contente de te connaître, je pense...

Je sais plus trop pourquoi, mais je n'ai pas répondu. Et les quelques secondes d'après, je me suis probablement endormie.

En espérant que demain nous réserve de bonnes nouvelles...

Maintenant pour l'arrestation...

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'Arrestation' :