"Je veux pas que tu m'accompagnes, Sylvain," conclut finalement Nathanaël avant de lui tourner le dos. "Je ne veux pas d'aide, et surtout pas la tienne. Comment veux-tu me protéger alors que tu es incapable d'utiliser tes pouvoirs et que tu évites les combats ? Tu te mettrais en danger inutilement, et j'ai pas besoin d'un boulet à me traîner partout.
- Nathanaël, sois donc raisonnable... Je t'assure, je me suis entraîné ! Pendant toute ta convalescence, j'ai fait de mon mieux pour me renforcer... Je ne veux plus que tu partes seul en mission. Je ne veux pas qu'une situation comme celle...
- D'une, j'étais pas seul, le coupa le Matoufeu, j'avais deux ploucs avec moi mais ils m'ont lâché salement. De deux, j'ai évolué. De trois, j'ai ma capacité Z en cas de besoin. Maintenant que je suis guéri, je suis beaucoup plus puissant. Donc pour la dernière fois, il n'est absolument pas question que tu me suives. Tu risquerais de te faire blesser et j'ai déjà suffisamment de gens sur le dos à cause de ce qui est arrivé au Galopa. J'étais censé le ramener vivant, je te signale... C'est pas la peine qu'en plus je me retrouve à devoir traîner ton cadavre une fois que tu te seras jeté d'une falaise de panique !
- Tu exagères, Nathanaël ! Je t'assure ; faisons une mission, et tu verras que je peux t'être utile.
- Non." Cette dernière phrase s'était abattue comme une sentence, annonçant la fin définitive de la conversation. Sylvain resta là quelques instants ; la chaleur qui s'était ravivée chez Nathanaël n'avait laissé place qu'à l'immobilité de la pierre. Yeux fermés, il avait posé la queue et baissé les oreilles.

Le Feunard de Glace se trouva incapable d'ajouter quoi que ce soit, comme s'il avait été rendu muet par son refus. Quand bien même il avait fait de son mieux pour lui prouver de quoi il était capable récemment, quand bien même il lui avait offert foyer et, depuis peu, nourriture, Nathanaël demeurait définitivement clos à l'idée qu'ils coopèrent. Il ne pouvait tout simplement plus le comprendre, nonobstant ses tentatives d'y parvenir. Veut-il tant que ça se mettre en danger ? Qu'a-t-il donc à prouver ?

Un vent froid souffla par la fenêtre de la base qui avait été réaménagée pour Nathanaël. Ce n'était concrètement qu'une pièce divisée en deux par un rideau, une partie publique permettant l'accueil des clients qui rentraient par la porte du garage, et l'autre étant sa chambre. Il ne l'avait pas décorée, bien qu'Orina lui avait gentiment proposé diverses possibilités. Il disait qu'il ne se sentait pas chez lui. Il répétait, quand elle insistait, qu'il ne voulait pas s'installer sur le long-terme.

Depuis qu'il était revenu de cette mission, Nathanaël était devenu plus acerbe et distant que jamais. C'était comme si son évolution l'avait fait devenir plus misomon qu'auparavant. Il avait repris les missions avec peine, ne souhaitant plus de missions de sauvetage ou d'aide, se concentrant sur les captures de petits criminels. Sylvain avait tout d'abord cru que c'était parce que le Galopa avait été tué pendant qu'il s'était évanoui et qu'il était désormais mal vu de la Brigade, mais le temps lui avait appris que ce n'était pas la véritable raison de ce changement.

Devant l'immobilité de Sylvain, Nathanaël cracha de rage. Il le regarda avec des yeux furieux, agacé par sa simple présence ; quelques instants, le noble se demanda s'il était encore vraiment chez lui. Motivé par cette pensée qui l'offensait, il se redressa et se montra fier devant le Matoufeu, essayant de cacher son intimidation. Au lieu de le calmer, cela ne l'énerva que plus. Il contourna le Feunard de Glace, attrapa son sac, et lui lança alors qu'il sortait : "J'ai une mission, aujourd'hui. Ciao."

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'PNJ' :

(étage 1)

Nathanaël était arrivé un peu plus tôt que prévu devant la Caverne Cristal, et il n'avait pas prévu de s'occuper de façon particulière avant que le client n'arrive. Il avait eu quelques détails concernant sa mission, mais pas grand-chose ; il aurait plus d'informations sitôt celui-ci serait arrivé. Le client en question était le Chuchmur qu'il avait secouru quelques temps auparavant, et qui était revenu vers lui pour lui proposer un autre contrat de toute autre nature. "Trouver des Zalis dans la Caverne Cristal," avait-il écrit.

Alors qu'il était patiemment en train d'attendre, son regard fut attiré par l'un des cristaux qui décoraient l'entrée de la caverne. Ils miroitaient dans la lueur du soleil, l'aveuglant lorsqu'il tournait la tête dans un certain angle. Il s'en approcha par curiosité et les observa, les trouvant assez jolis vus de près. Au moins, là-dedans ne vivaient pas de Pokémon. Depuis qu'il avait été retrouvé par Sylvain et les deux autres exploratrices, il était devenu beaucoup plus difficile pour lui de supporter quoi que ce soit.

Il ne voyait plus qu'en eux des monstres sanguinaires, aptes à massacrer les humains lorsque l'envie leur prenait - le Tengalice avait lui-même été une victime de ces monstres. Daniel lui avait sans doute caché la vérité, expliquant son regard fuyant lorsqu'il avait parlé du fait que les humains ne pouvaient pas mourir. Sans doute la plupart étaient-ils massacrés sitôt arrivés, expliquant pourquoi ils s'enchaînaient tour à tour, comme l'avait rappelé le tenancier du Bar de Glace. Pour lui, tout avait pris sens depuis qu'il avait retrouvé ce souvenir ; cette vision de celle qu'il savait être sa mère.

"Heyyyyyy !" hurla une voix, ce qui fit trembler la caverne entière. "Coucou Nathanaël ! Comment tu vaaaas ?!" Les tremblements provqués par le cri firent tinter les cristaux du plafond, suspendus en pointe au-dessus du Matoufeu. Nullement rassuré, il s'élança vers la voix, qui se trouvait être celle du Chuchmur. Celui-ci, apparemment ravi de revoir son sauveur, ne l'écouta pas l'intimer de se taire, risquant de provoquer une catastrophe. "Je suis content que tu ais accepté ma mission !
- D'accord, d'accord, mais putain, parle moins fort bordel !
- T'inquièèèète, j'ai l'habitude de venir ici. Il se passe jamais rien !" Les tintements de cristaux qui suivirent la fin de cette phrase achevèrent de faire douter Nathanaël de la véracité de cette phrase. Quel imbécile... pensa-t-il, furieux. Il va finir par nous tuer tous les deux ! "Bref, en gros... Y a des baies Zalis qui ne poussent qu'au fond de la Caverne Cristal. Mais c'est un endroit méga-dangereux ! Pour moi, du moins. J'aimerais que tu m'en ramènes une douzaine. Elles renforcent les pouvoirs quand consommées, alors ça me sera supra-utile en cas de danger.
- Attends, t'as mis une prime gigantesque pour que j'aille te faire la cueillette ? Mais t'es complètement con, je pensais que t'allais me demander de trouver un certain type de Pokémon, moi !
- Il n'y a pas de Pokémon appelé Zalis. Ou de pierres. Ou de n'importe quoi d'autre, d'ailleurs...
- Putain..." marmonna-t-il, excédé. Il avait déjà l'impression de perdre son temps avec les missions, mais c'était définitivement pire que tout cette fois-ci. "Heureusement que la prime est grosse, sinon je t'aurais planté là direct. Je suis un explorateur, pas un putain de jardinier, MERCI.
- Je savais que tu accepterais !" s'écria le Chuchmur, ce qui fit sursauter Nathanaël à cause des tremblements qu'il provoqua. "T'es vraiment un pote, merci.
- Ouais, ouais, de rien. Bref, j'y vais. Tu retournes à Bourg-Trésor, je te les ramène chez toi dans la soirée."

Il hocha la tête, ravi, et fit demi-tour pour sortir de la grotte. Nathanaël, soulagé de ne pas avoir à subir une chute de cristaux sur le coin du museau, soupira et fit volte-face pour s'enfoncer dans le grotte. Alors qu'il avait fait quatre bons mètres à l'intérieur, il entendit alors la voix assourdissante du Chuchmur qui lui hurlait : "BONNE CHANCE !"

Quelques fractions de secondes plus tard, une pluie de cristaux acérés avaient commencé à lui tomber droit dessus.

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'PNJ' :

(étage 2)

Un souffle froid passa sur le dos de Nathanaël tandis que la glace perçante s'abattit d'un coup sur sa nuque. Il resta paralysé quelques instants, un cliquetis de cristaux se brisant résonnant dans la grotte. Incapable de bouger, de crainte qu'il ne soit blessé, il regardait droit devant lui, n'esquissant pas le moindre mouvement, la glace pressée contre son cou tel un collier appliquant une emprise sur sa liberté. Devant son regard apparut alors une figure qu'il n'aurait pas crue revoir de sitôt.

« Nathanaël, tout va bien ?! J'ai craint de ne pas être là à temps !
- Bordel de putain de merde de... Sylvain, qu'est-ce que tu fous là ?!
- Je... Eh bien... De prime abord, il est nécessaire de t'extirper de ce fâcheux pas ! » chuchota-t-il avec tension, masquant la gêne de la question derrière un soulagement fort mal joué. « Problème étant qu'un des cristaux a transpercé la couche de glace... Si je la détruis, la probabilité qu'il te blesse est haute.
- Tu peux pas juste, genre... l'enlever, je sais pas ?! » grogna Nathanaël, essayant de ne pas trop hausser le ton pour provoquer d'autres chutes de cristaux. Il se reprit soudainement, comprenant le pas dans lequel il était et surtout ce qu'il avait seulement pensé à demander. « Non, non, ça va aller en fait, je vais... me débrouiller.
- Nathanaël, je ne suis pas réellement certain que...
- La ferme, je me concentre, merci, » marmonna-t-il enfin, parcourant toutes les possibilités qui traversaient son esprit. Il devait bien y avoir un moyen de détruire la glace sans avoir à ce qu'il soit blessé dans le procédé. Il suffisait simplement qu'il soit assez rapide. Un regard inquiet de Sylvain pour le plafond lui indiqua qu'il semblait impatient de bouger. C'est ce couillon qui m'a mis dans cette situation, pour qui il se prend à jouer les types en danger ?! « C'est ça, fais pas genre qu'on est pressés, surtout... Prends-moi pour un incapable, je dirai rien, surtout !
- Nathanaël, » fit-il en le regardant avec un regard compatissant, « Ce n'est nullement...
- En fait, tu sais quoi ? La ferme. Si tu crois que j'ai besoin d'aide, tu te fourres la patte dans l’œil si profondément que t'as dû te creuser une seconde bouche. Tu me prends en pitié comme si j'étais un gamin qui se débattait dans sa propre pisse, mais je ne suis plus un gosse. »

Sylvain ne répondit pas, préférant lever le museau pour fixer le plafond qui semblait toujours aussi instable. Ce mouvement réveilla la profonde rage enfouie en Nathanaël, enflammant le sang de ses veines et lui donnant des frissons de colère le long de son échine. Ils me prennent tous pour le couillon de service qui sait rien faire tout seul. Daniel, lui, les deux imbéciles... Comme si j'étais juste incapable de me débrouiller par moi-même. Ils veulent m'aider, hein ? Qu'ils me foutent la paix. Ce fut le Feunard qui revint à la charge, cherchant à le faire changer d'avis pour opter pour une issue qu'il jugeait plus avisée : « Nathanaël, je ne doute nullement de tes capacités... Je souhaite simplement...
- LA FERME, J'AI DIT ! » cria-t-il enfin, secouant les cristaux du plafond par l'écho. Le sursaut de Sylvain avait été provoqué tant par le cri du Matoufeu que par les conséquences de celui-ci, bien que son regard demeurait posé sur la paroi illuminée par les murs de morceaux acérés. Il était déjà trop tard, le mal était fait. Désormais, les mots commençaient à s'enchaîner, s'échappant comme un torrent inépuisable. « Tu fais genre tu sais tout, hein... Mais tu connais rien à la vie. T'es jamais sorti de chez toi. Comment tu pourrais piger quoi que ce soit à propos du fait d'aider les gens ? T'as toujours eu tout ce dont t'avais besoin, t'as jamais eu besoin d'aide. » Ses muscles tremblèrent un peu, le froid appliquant de plus en plus la pression sur la nuque. En réponse, il tendit ses membres et se força à rester debout. Sa peau le démangeait, piquée par des dizaines d’invisibles étincelles. « Je... Je vais... me... sortir... DE LÀ ! » hurla-t-il tant pour lui que pour Sylvain. « J'ai pas... J'AI JAMAIS EU BESOIN DE TOI ! ALORS DÉGAGE ! Je vais... me sortir de là... SANS TA PUTAIN D'AIDE ! »

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'PNJ' :

(étage 3)

Les flammes qu’il amassait en lui jaillirent toutes simultanément, comme fuyant de ses yeux et des commissures de sa gueule. Il sentit le feu rugir, brûler et bouillonner, mordre dans le carcan de glace qui l’emprisonnait. Sylvain, devant lui, le regardait d’un air horrifié, auquel il ne répondit que d'un rictus satisfait. J'ai jamais eu besoin de toi. Ni de toi, ni de qui que ce soit. La glace tremblait, coulait, mais refusait de céder. Tu me prends pour un débutant, un incapable ? Je suis fort. Il laissa émettre un miaulement de douleur, et le souffle ardent gagna encore en intensité. Je suis pas un Pokémon... Je suis un humain... Les humains sont des héros. Mais la glace tenait encore, comme plus oppressante que jamais autour de son col. Les héros sont forts... Les héros... SONT... FORTS !

Sa vision vacilla, emportant le Feunard dans le brasier. Peu lui importait désormais ; il libérait simplement sa colère embrasée, attisant plus le feu qu'il répandait autour de lui. Ils m'ont fait tant de mal... Ils ont tué ma mère, et sans doute... bien pire... Je me fous... d'eux... De tout le monde... La glace craquela, mais dans les brumes de sa perception, il la sentait encore peser sur lui. Je me fous de ce qu'ils pensent... Je suis fort, et je... n'ai besoin... de... personne... Sa faiblesse mentale s’instilla en lui, se répercutant physiquement. Il avait de plus en plus de mal à se tenir debout. Il se sentit partir, sa conscience s'estompant peu à peu. Personne...

Un palier plus loin et ce fut un craquement sinistre qui résonna enfin, accompagné du collier glacé se dispersant en une myriade d'éclats si fins que le brasier les vaporisa instantanément. Pantelant, il voulut se reposer sur ses pattes mais celles-ci le lâchèrent et il s’écroula sur le sol froid, au milieu des flammes qui se mouraient, abandonnant d’éphémères braises dans l’air de la caverne. Tu as vu, Sylvain ? Il leva les yeux vers le Feunard, comme un enfant en quête de l'attention d'un parent. Je n'ai jamais eu besoin de toi. Jamais. Il s'était attendu à une expression étonnée du noble, mais celui-ci ne le regardait même pas, préférant tourner le museau vers le plafond. Un instant, un bref instant, Nathanaël fut convaincu qu’il avait détourné les yeux pour ne pas être ébloui par la force dont il venait de faire preuve. Il fut convaincu d’avoir impressionné le Feunard, et pour une raison qu’il ignorait, se sentit indiciblement fier de ce fait.

Puis, il tourna à son tour les yeux vers le plafond, et malgré la brume indécise qu’était devenue sa vision, put cependant discerner une myriade de nouveaux cristaux tranchants s’abattre sur lui en une pluie mortelle. Oh. Oh... oh... Merde.

Il vit le premier d’entre eux tomber droit sur lui, et par réflexe, ferma les yeux.

Un premier cristal se planta dans le sol, bientôt suivi d’un deuxième, et d’un autre et d’un autre et d'un autre. Un agréable froid passa sur sa peau, presque bienvenu après la chaleur qu’elle venait d’éprouver : la pluie s’abattait, tout autour de lui, audible et terrifiante. Il s’était attendu à se faire transpercer de part en part dès le premier impact, mais pour une raison ou pour une autre, les morceaux tranchants persistaient à le manquer. Épuisé, il n'en tint pas compte et se contenta d’attendre une fin qui n’arriva pas. Ce fut au contraire le boucan infernal qui s’acheva, la caverne replongeant aussitôt dans un profond silence.

Supposant qu’il était mort mais ne l’avait tout simplement pas senti, il s’accorda d’ouvrir les yeux pour voir ce que l’après-vie lui réservait. Il déchanta vite, car la seule chose sur laquelle ses paupières s’ouvrirent furent la fourrure blanche et délicate de Sylvain, qui s’était serré contre lui sans même qu’il s’en rende compte. Le Feunard avait levé les pattes pour le protéger, et tout autour d’eux des blocs de glace taillés approximativement s’étaient assemblés. C'était comme s’ils s'étaient retrouvés sous un igloo, au détail près que celui-ci avait son plafond percé en plusieurs endroits par la pointe de dangereux cristaux.

« Je sais que tu ne nous as jamais aimés... et ce depuis le début. Tu es un misomon. Tu hais notre race, tu l'as explicité. Tu veux juste être seul. Tout cela, je l'ai entendu. » Le noble reposa ses pattes sur le sol à côté de lui, sans pour autant briser le silence irréel qui se prolongeait autour d’eux. Seule sa douce voix attristée en semblait capable. « Je sais aussi que tu refuses notre aide, par fierté. Mais... mais je sais aussi que parfois, on a simplement besoin d’aide. Il est des instants où l’on ne peut pas s’en sortir seul, parce que le monde est simplement trop fort pour nous. » Sa voix se brisa sur la fin, et il continua avec un ton mêlant résignation et mélancolie. « Si tu le désires réellement, alors je partirai... Mais je veux t'aider, parce que je tiens à toi... En dépit de tout. »

Quand bien même Nathanaël essayait, il ne pouvait pas haïr Sylvain comme les autres. Il avait essayé des dizaines de fois, au moins, de se répéter que le Feunard de Glace n'était pas plus différent des autres. Mais pourtant, une voix qu'il s'efforçait de noyer dans les abysses de sa conscience lui chuchotait des mots doux, des espoirs qu'il jugeait vains, des idées subtiles mais qu'il trouvait stupides. Aujourd'hui encore, cet écho était présent, grimpant comme une douce marée qu'il ne pouvait contrôler. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit apaisé, si proche de Sylvain et de son souffle léger et frais.

« D'accord. »

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'PNJ' :

(étage 4)

Le mot, murmuré presque à l’oreille, provoqua une vague de sérénité chez le noble, qui se dégagea en libérant Nathanaël de la pression exercée. « Nous devrions repartir sans perdre de temps, en ce cas, » affirma-t-il avec un doux sourire. « Nous avons une mission à accomplir, n’est-il pas ?
- J’ai une mission à accomplir, » corrigea le Matoufeu en contournant Sylvain pour reprendre la tête de file. Bien que j’aie accepté son coup de patte, il est pas question qu’il passe devant… il devra m’écouter à la griffe et à l’oeil ou il jarte. « T’es juste là en accompagnant, ça ira pas plus loin. » Il adressa un sourire en coin au noble qui avait accéléré pour se mettre à ses côtés, qu’il voulut volontairement provocateur. « Va pas t’imaginer n’importe quoi.
- Disons partenaires, alors ? » Le mot ne dérangea pas Nathanaël autant qu’il l’avait cru, aussi ne répondit-il pas. « Partenaires ce sera ! »

L’entrain nouveau de Sylvain agaça plutôt le Matoufeu, qui se contenta de fixer l’obscurité en réfléchissant. C’est pas parce que j’ai accepté qu’il m’aide à partir de maintenant qu’il doit croire que je l’apprécie… Je lui fais un traitement de faveur, mais ça ne signifie pas qu’il a le dessus sur moi et qu’il peut prendre n’importe quelle initiative. « Partenaires ça voudrait dire que t’es de mon équipe.
- Et… serais-je dans l’erreur de me considérer comme tel ?
- J’ai surtout pas envie de faire de paperasse ou de trucs chiants du genre s’il faut officialiser le truc… Et j’espère pas que ça implique que tu me suives partout.
- Légalement, nous serons seulement associés. J’exécuterai toutes les tâches administratives si tu le désires. »

L’explorateur réfléchit rapidement. « Non.
- Comment ?
- La dernière fois que j’ai laissé quelqu’un gérer ça, je me suis retrouvé à bosser pour un certain Aligatueur. Donc ouais, même si ça me casse les dents, je vais m’en charger seul, au moins j’aurai pas à craindre d’arnaque. » Bien que légèrement offensé par le fait qu’on le pense capable d’une telle chose, Sylvain ne s’y opposa pas. « Je ferai ça ce soir. Là on a autre chose sur le grill. »

L’apparition d’un duo qu’ils reconnurent immédiatement provoqua la même émotion chez chacun d’entre eux, bien qu’ils ne l’exprimèrent pas de la même façon : un dépit profond. Chez Sylvain, ce fut montré par un soupir, et pour Nath’, ce fut un froncement de sourcils suivi d’une grimace d’agacement. « Hey ! » s’écria le Pandarbare en secouant la patte pour les saluer, ce qui fit dangereusement trembler les cristaux du plafond. « Comment vous allez vous deux ? On a vraiment de la chance de se retrouver encore au même endroit. » Un regard à la Luxio leur indiqua qu’aucun des trois autres ne partageait cette vision des choses.

« On a eu une mission pour aller récupérer des baies Zalis au fond de la grotte, » expliqua-t-elle en roulant des yeux. « J’avais vraiment pas envie, mais faut bien manger… »

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'PNJ' :

(étage 5)

Quatre constatations suivirent dans l’esprit de Nathanaël. Alors d’abord ils ne s’excusent même pas de m’avoir laissé crever l’autre jour, ils semblent même pas remarquer que j’ai évolué, ces deux couillons sont encore ensemble alors qu’ils s’insupportent, et en plus de ça on dirait qu’ils ont exactement la même mission que nous. Putain, ça pouvait pas plus mal tourner. « Je crois que votre client a compris que vous étiez des incapables, parce que c’est moi qui ai la mission maintenant. » Comme pour appuyer ses paroles, il sortit son gadget d’explorateur et la leur montra. La Luxio lâcha un juron et le Pandarbare s’étonna, et ils vérifièrent chacun le leur ; quelques secondes plus tard, l’un et l’autre se regardèrent avec fureur.

« Ca c’est parce que t’as dit que t’allais m’abandonner au fond de la grotte ! » s’exclama-t-il, ce qui fit trembler le plafond à nouveau et conduisit Sylvain à s’approcher pour essayer de les calmer. « Tu m’étonnes que les clients sont pas en confiance si tu passes ton temps à me descendre devant eux !
- Pardon, gros con ? C’est toi qui a prétendu devant lui que je serais capable de les voler et les revendre au marché noir en prétendant pas les avoir trouvées ! » Sa voix, bien que plus basse car elle ne souhaitait pas faire tomber les cristaux suspendus, était cependant emplie d’une rage qui impressionnait Nathanaël lui-même. Elle siffla : « J’ai pas accepté de retourner en équipe avec toi pour que tu me trash-talkes H24 !
- Accepté ?! Je t’ai fait une faveur parce que sinon tu finissais à la rue, ouais ! » Cette fois-ci, les tremblements furent si certains que le Matoufeu lui-même fit un pas en avant, prêt à l’arrêter s’il continuait à hurler comme il le faisait. Le Pandarbare n’en eut cure et haussa encore plus le ton -s’il était possible de l’élever encore. « Tu sais quoi ?! VA CREVER ! »

Sa demande s’exauça lorsque le plafond s’effondra tout entier sur eux dans un vacarme de bruits de verre. Sylvain déploya à nouveau un parapluie de glace qui les protégea lui et Nathanaël, n’ayant pas le temps d’étendre sa protection jusqu’à leurs camarades explorateurs, qui disparurent derrière un mur de roche. Voyant que tout s’emmurait autour d’eux, il s’écria : « Courrons ! » et s’élança vers l’avant. Il traça un chemin de glace au-dessus d’eux pour les protéger tant bien que mal des projectiles qui se multipliaient, tombant plus fort et plus nombreux.

Leur course continua jusqu’à ce qu’ils arrivent dans des profondeurs plus sombres encore, Nathanaël étant désormais contraint d’allumer son grelot pour éclairer les alentours. Les rayons de lumières se reflétèrent contre les cristaux désormais multicolores. L’endroit était splendide, l’atmosphère était redevenue calme ; mais derrière eux avaient disparus les deux imprudents explorateurs. Une fois de plus, le duo n’était pas passé loin du piège mortel de la grotte, mais il eut semblé qu’il fut fatal aux deux incapables de se comprendre. Sylvain les appela, sans trop hausser le ton. Mais il n’y eut que sa voix comme écho dans la cavité effondrée.

« Ils s’en tireront, va, » fit Nathanaël, qui n’était absolument pas convaincu mais qui voulait surtout que Sylvain se bouge. C’est de leur faute s’ils sont dans la merde. « Dépêchons-nous d’aller chercher ces baies et remontons avant qu’on finisse par se faire tuer. »

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'PNJ' :

(étage 6)

La nature se chargea cependant d’activer Sylvain ; des tremblements de terre les informèrent que l’effondrement n’était pas achevé. Qu’importe ce qui l’avait relancé, ils devaient de nouveau courir. « Putain mais ça n’arrête jamais ! » jura-t-il en reprenant sa course, sous couvert de la glace.

Cette fois-ci, les pouvoirs magiques du Feunard s’épuisèrent et il fut incapable de maintenir la protection fournie par la glace. Ils durent donc supporter les éclats de cristaux et de roche leur lacérant la fourrure, menaçant de les assommer alors qu’ils essayaient désespéramment d’échapper au danger plus pressant de finir enterrés vivants au milieu d’une grotte d’où ils ne pourraient être secourus lorsque toutes les cavités seraient refermées à cause des effondrements suivis. Nathanaël pesta oralement contre les deux idiots qui les avaient plongés dans une telle situation, et Sylvain se contenta de courir à toute allure en poussant des petits cris courts et désespérés.

Ils trouvèrent abri dans un nouveau boyau qui s’enfonçait plus profondément dans la grotte ; ils pouvaient désormais souffler un peu. Complètement à bout de forces après la course folle qu’ils venaient de faire, ils se laissèrent tomber au sol pour reprendre leur respiration sans avoir à faire plus d’efforts. Une fois que Nathanaël eut suffisamment de souffle, il grogna : « Je les hais… Je les hais tellement que tu peux pas l’imaginer…
- Au moins sommes-nous en vie… » relativisa Sylvain. « Est-ce toujours aussi épuisant… ? » chercha-t-il à se rassurer. « Non pas que je ne crois pas être apte à…
- Franchement, quand j’ai pas à croiser de couillons comme ça ça se passe beaucoup mieux. » Il se redressa, la rage de vaincre le motivant à reprendre sa route sans plus tarder. « On repart. Plus vite on sera sortis de ce trou, plus vite... »

L’évocation de la sortie provoqua une réalisation soudaine chez Sylvain : « Attends… Comment sommes-nous supposés sortir, puisque la voie menant à l’extérieur s’est…
- On s’occupera de ça plus tard ! » ragea Nathanaël, qui n’avait absolument pas l’esprit à se préoccuper d’autre chose que de réussir la mission et qui avait commencé à rallumer ses flammes pour se diriger dans l’obscurité, abandonnant presque Sylvain, qu’il jugeait trop lent. « On y va ou je dois te tirer par les queues pour te faire avancer ?!
- N-non, j’arrive ! » bégaya-t-il en réponse, se redressant pour rattraper le Matoufeu.

Quelques mètres plus loin, Nathanaël dut s’arrêter pour raviver la flamme de son col, l’éteignant temporairement ; Sylvain décida de saisir cette occasion afin d’engager une conversation un peu plus sérieuse. « Dis-moi… Ce Galopa… L’as-tu... » Dans le noir, les yeux jaunes le fixèrent soudain avec fureur. Il n’en démordit cependant pas, décidé à ne pas laisser l’ascendant éternellement. « L’as-tu consciemment assassiné ? » Il n’eut pour réponse qu’un feulement d’agacement, mais il insista malgré tout. « Je ne dirai rien. Je désire seulement savoir. »

Nathanaël attendit quelques instants. « Non. Non, je ne l’ai pas tué. » Même lui n’était pas tout à fait convaincu, au ton de sa voix. « Ou alors je ne m’en souviens pas. » Cette phrase pouvait tout aussi bien signifier qu’il l’avait volontairement « oublié » ; mais Sylvain ne voulut pas le soulever.

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'PNJ' :

(étage 7)

Il préféra se concentrer sur le bruit d’eau qu’il entendait à proximité. L’autre explorateur leva les oreilles pour écouter plus attentivement les alentours, et s’aperçut que le son semblait tant se rapprocher qu’augmenter en intensité. Ils se regardèrent, se retournèrent, et aperçurent alors la gigantesque déferlante aquatique qui fonçait sur eux.

Sylvain, dans un réflexe salvateur, créa un mur de glace qui les protégea de la trombe d’eau, secouant la roche du sol et leurs corps tout entiers. Le tremblement continua pendant de longues secondes. Sans être plongé au milieu de l’eau, Nathanaël en avait la sensation ; la fraîcheur de l’eau l’éclaboussait, il était secoué de toutes parts, et il était de nouveau compressé contre la fourrure du Feunard, cette fois-ci pour éviter d’être emporté par la trombe d’eau qui les assourdissait. Il hurla par-dessus celle-ci : « Faut qu’on se tire, et vite ! »

Rien ne vint comme idée pour y parvenir, et l’inondation sembla regagner de plus belle, la puissance de l’eau se démultipliant. Ils avaient eu la malchance de se retrouver dans un boyau où une source avait sans douté décidé de se déverser… Mais Sylvain marmonna, tout en tentant de maintenir le mur : « Je sens que l’eau va bientôt finir de se déverser !
- Super ! » grogna Nathanaël. « Tu penses pouvoir tenir encore combien de temps comme ça, que je sache si... »

Un crac sonore lui indiqua que la glace ne tiendrait pas éternellement, et un regard affolé du Feunard l’informa qu’il ne pouvait pas maintenir beaucoup plus longtemps leur mince protection. « Bordel mais faut vraiment que je fasse tout ici... » Il attrapa son sac avec une patte tremblante, et en tira sa gemme Z, qu’il plaqua contre son épaule droite. Il serra les crocs, ferma les yeux, et commença à se concentrer. Ce que je vais faire est sans doute suicidaire, mais c’est ça ou je claque noyé… « Sylvain, gèle tout autour de toi dans deux secondes ! Mélodie de Pélé ! »

Au terme de sa formule, il donna un puissant coup de patte dans le poitrail de Sylvain qui le projeta au milieu du torrent ; mais il gela l’eau autour de lui et se trouva assez longtemps protégé pour laisser le temps à Nathanaël de déclencher sa capacité unique. La guitare entre les pattes, il enflamma tout autour de lui et éleva la chaleur au maximum en espérant qu’elle fusse suffisante pour vaporiser l’eau qui allait lui tomber dessus. Il avait appris que son feu magique résistait à l’eau et n’avait pas besoin d’oxygène ou de combustible pour se former, aussi comptait-il en profiter.

Sa stratégie, aussi absurde et irréaliste fut-elle, fonctionna, mais seulement temporairement. Nathanaël avait nettement sous-estimé le temps d’épuisement de l’eau du torrent ; ou peut-être était-ce la durée de ses propres pouvoirs qu’il avait imaginée beaucoup plus longue. Quoi qu’il en soit le résultat fut le même. Il se retrouva bientôt à court de feu, sa capacité épuisée, et fut rapidement emporté par le courant qui reprit de plus belle. Secoué dans l’eau, inapte à respirer, il se heurta contre plusieurs cristaux jusqu’à ce qu’un coup brutal à la nuque le sonne et le fasse tomber dans l’inconscience.

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(étage 8)

En se redressant, Nathanaël toussa et cracha lourdement. Il était complètement sonné, avait mal partout, et pire que tout, il était complètement trempé du bout des oreilles jusqu’à la pointe de la queue. C’était comme s’il avait vécu un véritable ouragan et qu’il avait joué le rôle d’une branche emportée par le courant et le vent surpuissants. Il se redressa difficilement, ses muscles lui faisant mal, et il s’ébroua pour chasser l’humidité de sa fourrure. Son grelot ne sonna que faiblement, lui rappelant que sa force vitale était cruellement entamée. Il chercha du regard Sylvain ; mais dans l’obscurité, il ne trouva que la solitude.

Il profita de cet instant de tranquillité pour essayer de comprendre où est-ce qu’il était exactement. L’oxygène semblait moins présent par ici : il avait beaucoup plus de mal à respirer. Ou peut-être que j’ai juste les poumons plein d’eau… C’était aussi une théorie valable, et qui avait le mérite d’expliquer ce fait tout autant. Mais si c’était bien dû à l’environnement, alors il pouvait ainsi affirmer qu’il s’était enfoncé davantage dans la caverne, et qu’il pouvait probablement espérer en atteindre le fond très bientôt. Malgré tout ce qu’il avait traversé, l’objectif de sa mission demeurait sa seule pensée en tête. Il refusait d’admettre défaite.

Penser au chemin du retour ne lui était pas encore permis. Il devait d’abord fait l’aller pour s’occuper du retour. De la même façon, Sylvain n’était qu’une préoccupation mineure. Il ne pouvait pas se permettre d’être trop ralenti. Il finira bien par me rattraper, de toute façon. En réalité, Nathanaël n’en était nullement convaincu ; malgré tout ce qu’il avait fait pour prouver le contraire, le Feunard lui paraissait toujours être un incapable tout à fait inutile qui ne ferait que le retarder. Après tout, il avait été incapable de le protéger jusqu’à la fin du torrent d’eau, donc il n’était pas fiable du tout.

Parfois je me demande si je suis pas un peu trop sévère avec lui… Mais ce genre de doutes le quittait bien vite. A ses yeux, il n’avait accepté Sylvain que parce que celui-ci ne s’était montré insistant pour l’accompagner et qu’il en avait marre de toujours le voir revenir, et pas parce qu’il avait vraiment besoin de lui. Il s’accrochait à cette pensée fermement, refusant de céder face à l’idée qu’il lui avait vraiment dit oui pour une autre raison que celle-ci. Si le Feunard de Glace n’arrivait pas à le suivre, c’était donc son problème. Après tout, c’était sa responsabilité d’être moins entraîné que Nathanaël alors que lui était un Pokémon de naissance.

C’était, au fond, l’une des seules choses qu’il pouvait réellement reprocher à Sylvain en tant que partenaire -sa nature de Pokémon d’origine. S’il avait été humain, alors Nathanaël aurait eu bien moins de mal à lui dire oui, malgré son incompétence, n’aurait-ce été que pour se retrouver avec quelqu’un qui partageait son sort plus que désagréable. Mais en plus, il n’avait pas envie d’avoir à se coltiner l’un de ceux-là sans arrêt. Depuis que ses souvenirs lui étaient revenus, il étaient encore plus insupportables à ses yeux. Tout au plus des nuisances avec lesquelles il était forcé de coopérer pour s’en sortir, mais tout ce qu’il voulait désormais était de s’en libérer.

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'PNJ' :

(étage 9)

Alors qu'il profitait de cette tranquillité accordée par la solitude, il entendit une voix familière résonner par derrière lui. "Nathanaël ! Enfin je te retrouve..." Quelques secondes plus tard, un Sylvain essouflé et à la fourrure trempée s'était interposé entre lui et le chemin à fuir. Sans même lui accorder une seule réponse, il le contourna en grognant. "Nathanaël, est-ce que tu...
- T'étais où ?" répondit-il froidement. "J'ai bien failli t'attendre. T'aurais pu te presser un peu.
- Mais je croyais que tu...
- La mission est plus importante que tout, Sylvain ! Si j'étais blessé, alors ça aurait été à toi de la finir, quoi qu'il en soit !
- Mais... je ne pouvais pas te... Il fallait que je cherche à savoir où tu...
- Sylvain, retiens bien ça : s'il t'arrivait quelque chose, je finirais la mission en priorité avant de penser à toi. Alors j'entends bien à ce que tu fasses de même, c'est bien clair ?
- Je...
- Sinon tu peux toujours laisser tomber. C'est la condition que t'as à respecter pour me suivre en mission. Tu vas jusqu'au bout ou tu n'y vas pas du tout."

Sylvain lui lança un regard qui signifiait "Je n'avais pas été prévenu des conditions !" mais Nathanaël répliqua par un soupir blasé qui lui indiqua qu'il n'en avait strictement rien à faire de ce qu'il pouvait penser à ce moment précis. Il ajouta, pour clarifier sa pensée sur le sujet : "Tu peux toujours laisser tomber, tu sais. Cela m'est parfaitement égal. Tu fais demi-tour et tu retournes à ta sécurité habituelle, c'est du pareil au même.
- Oh, Nathanaël, épargne-moi ces sornettes, pour l'amour d'Arceus !" s'écria-t-il enfin, excédé à son tour. "Tu es un pire menteur que moi, et c'est dire à quel point tu es mauvais. Tu n'y crois même pas toi-même !
- Gné ?" grogna le Matoufeu en réponse, montrant les crocs. "Qu'est-ce que tu...
- Tu t'es tout de même sacrifié pour éviter que je sois emporté par le courant, alors que j'aurais pu faire un effort pour tenir, quitte à perdre conscience.
- La situation l'exigeait, et... enfin..." Il se trouvait à court de quelque chose à dire, pour la première fois depuis qu'il était devenu amnésique. La réplique de Sylvain s'était faite tant imprévue que brutale. "De toute façon tu l'as dit toi-même, je saque pas les Pokémon. Toi y compris. Donc j'ai envie que personne m'accompagne, toi y compris. Alors va falloir t'habituer à ce que je te fasse signe de dégager parce que c'est ma seule envie à l'heure actuelle. J'ai juste envie que tu me foutes la paix.
- Et pourtant tu sembles particulièrement préoccupé par ma propre sécurité, si bien que tu m'as mis à l'écart pour encaisser l'eau par toi-même, et que désormais, tu es bien motivé à me persuader de repartir pour éviter les risques. Tu l'as dit toi-même, ne mens pas !" Il lui adressa un sourire triomphant, le Matoufeu serrant les crocs, à court d'arguments qu'il trouve lui-même suffisant à rembarrer les prétentions du Feunard de Glace. Comme si j'avais sérieusement quelque chose à faire. "Tu essayes de me dissuader de continuer avec toi parce que tu ne supportes pas ma présence ; néanmoins, je suis persuadé que c'est dû à un sentiment bien opposé à la haine.
- Ta gueule !" hurla Nathanaël, frappant ses pattes avant sur le sol pour le faire taire. "Tu... tu t'entends parler au moins ?! Tu délires complètement ! Transforme pas tes putains de fantasmes en prétendues réalités !
- Tu auras beau nier, j'en suis persuadé désormais." Il rit un peu avant de passer devant Nathanaël et prendre de l'avance, comme pour le provoquer. Putain, j'arrive pas à croire que... non, non, non ! "Allons-y, nous avons une mission à finir."

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'PNJ' :

(étage 10)

Nathanaël s’élança pour rattraper Sylvain, mais le sol crut bon de s’effondrer à ce moment précis ; il se retrouva à battre des pattes dans le vide, essayant tant bien que mal de s’accrocher aux morceaux de roche encore stables pour éviter de chuter. Il était néanmoins trop tard, et les tentatives du Feunard de former des colonnes de glace pour ralentir leur chute échouèrent. Ils tombèrent plus profondément et s’écrasèrent durement sur le sol, descendus d’au moins une bonne quinzaine de mètres de force. Une fois de plus, la grotte avait prouvé son incapacité à tenir avec les visiteurs qui l’arpentaient. Il comprenait enfin pourquoi le Chuchmur avait préféré envoyer des explorateurs, mais aussi pourquoi il avait engagé plusieurs groupes.

(étage 11)

Sylvain, titubant, essaya de regarder autour d’eux. Ils étaient arrivés dans un nouveau boyau et pouvaient toujours continuer à s’enfoncer. Cette grotte était un véritable gruyère. Avec une pointe d’inquiétude, il marmonna : « Nous sommes proches du fond, je le sens. Mais je commence à m’inquiéter de la façon dont nous pourrons remonter… A force de creuser notre chemin de cette façon, nous ne pourrons plus trouver une seule issue.
- Qu’est-ce que j’ai dit au sujet de penser à remonter ?! On récupère les baies avant de s’en préoccuper !
- Ne vois-tu pas trop à court terme ? Il faut aussi que nous pensions à après ça.
- Je procède étape par étape. Je suis méthodique et je ne m’encombre pas de trop de soucis à la fois, » expliqua Nathanaël froidement. « Si tu veux tenter de tout régler d’un coup, c’est ton problème, et pas le mien ! Tu peux y réfléchir autant que tu veux, je reste persuadé qu’on ferait mieux de s’en occuper une fois arrivés à la fin du donjon. » Enfin, Sylvain se tut, se pliant à l’ordre de son partenaire. Ils repartirent en silence, se décidant à s’avancer dans l’obscurité à l’aide des flammes maintenues par le grelot du Matoufeu. Malgré l’humidité ambiante de la grotte, la lumière était suffisamment correcte pour les orienter.

« Je ne peux m’empêcher de constater l’absence de Pokémon sauvages... » marmonna enfin le noble, un peu inquiet. « Cela est assez troublant… Nous sommes dans un Donjon Mystère et pourtant…
- C’est plutôt cool s’il y a personne, non ? Au moins on n’a pas d’opposition et on peut aller là où on veut sans avoir à trop se fatiguer. Déjà qu’on a la grotte en elle-même contre nous, ce serait le comble de devoir péter la gueule à des sauvages pour avancer, tu penses pas ?
- Certes, je le concède. Néanmoins… c’est assez mauvais signe.
- En quoi ça l’est ?
- Moins il y a de Pokémon sauvages dans un Donjon Mystère, et plus la probabilité d’avoir une puissante force hostile à son terme est élevée.
- En termes normaux ça donne quoi ?
- Nous risquons certainement de rencontrer un danger majeur…
- Autre que le fait que cette grotte s’effondre toutes les cinq secondes ?
- Certainement.
- Extrêmement rassurant, » lâcha Nathanaël sarcastiquement, avant de soupirer.

Sa flamme tremblotait un peu, et bien que l’on pouvait d’abord croire que c’était dû à une instabilité de ses sentiments, elle était plutôt déséquilibrée par un courant d’air. Les deux explorateurs le comprirent mais Sylvain fut le premier à le souligner : « D’où vient ce mouvement de l’air ?
- Tu veux dire, le vent ? Bah je sais pas… j’imagine que ça vient d’en face, vu que ça se fait de plus en plus instable au fur et à mesure qu’on avance. »

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'PNJ' :

(étage 12)

En levant le regard, ils comprirent d'où venait ce courant : d'une cavité un peu plus lumineuse, qui semblait s'élargir en une grande pièce dont ils ne voyaient concrètement que la lumière se reflétant sur les cristaux. Au bout de quelques pas, ils réalisèrent qu'ils étaient arrivés dans ce qui s'apparentait une grande grotte souterraine, éclairée par de nombreuses plantes luisantes. Aidées par la réfection des cristaux multicolores, la pièce était ainsi éclairée comme en plein jour. Nathanaël poussa un soupir de soulagement. "J'ai plus à utiliser mes pouvoirs, par ici.
- Hm..." Sylvain regardait autour de lui, assez curieux. "C'est étonnant qu'une grotte d'une telle taille ait été creusée. Elle doit sans doute être artificielle.
- Avec tous ces cristaux ? Ça m'étonnerait.
- Pour qu'elle l'ait été naturellement, il aurait fallu quantité d'eau.
- Tu veux dire, genre, le lac qui est à cinq pas devant nous ?" Le Feunard s'aperçut alors de ce qu'ils avaient devant eux : ce qu'il avait cru être une grande surface de cristal était en réalité une grande surface aquatique, à l'eau si pure et si claire qu'elle ressemblait au reste des minéraux de la grotte. "Putain, j'arrive pas à croire que tu sois si aveugle.
- Je, hum, eh bien... c'est-à-dire qu'il est très rare de voir une eau si claire, et usuellement les nappes phréatiques ne...
- Oh, je t'en prie, Sylvain !" commença-t-il en employant le ton usuel du Feunard et en prenant une voix stupidement aiguë. "Epargne-moi ces sornettes, tu n'y crois pas toi-même !" Il lui adressa un grand sourire moqueur, et le noble ne put soutenir cette expression, préférant baisser les yeux avec honte. Fier d'avoir réussi à lui clouer le bec et de s'être vengé de ses moqueries un peu plus tôt, Nathanaël se pencha près de l'eau pour la renifler, avant de la laper tranquillement. C'est juste pour goûter, hein, parce que de l'eau j'en ai bu quand j'ai failli me noyer...

Sylvain, cependant, ne semblait pas réellement confiant quant au lac. A distance de l'eau, il demanda : "La crois-tu réellement potable...?
- Si c'était pas le cas je serais déjà en train d'agoniser sur le bas-côté." Il continua à en prendre quelques gorgées avant de se redresser et de ronronner : "Elle a sacrément bon goût, en tout c as. Elle est super claire et pure, ça fait du bien y a pas à dire.
- L'eau des sources souterraines a de grandes vertus minéralisantes, et elle est d'une propreté incontestable. Mon père exploitait celle du Lac des Brumes, il y a quelques années. Elle a grandement contribué à notre richesse." L'explorateur s'assit, décidant apparemment que le fait que Nathanaël se soit arrêté était un signal annonçant une pause. Ce dernier n'y pensait en fait pas du tout et voulait repartir immédiatement, mais supposa que ça ne ferait pas de mal de se poser un peu avant de continuer. L'endroit était sympathique. Le silence et la beauté du lieu ne donnaient pas vraiment envie au Matoufeu de repartir immédiatement.

Il se posa soudain une question, en repensant aux paroles de Sylvain. "Au fait, tu vis seul, toi... Il est arrivé quoi à ta famille, en fait ?"

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'PNJ' :

(étage 13)

Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse claire sur le sujet, il commença à s'énerver. Il détestait qu'on l'ignore, surtout quand il faisait l'effort de s'intéresser sincèrement à quelqu'un. "Alors ? Du coup ?
- Ils furent assassinés l'un comme l'autre par des bandits. Ils voulaient piller les joailleries de ma mère, mais mes parents se sont défendus d'eux... l'ironie de la chose voulaient qu'elles soient fausses.
- Tes parents sont morts... pour du toc ?
- C'est... la version raccourcie, effectivement," marmonna-t-il plus bas, apparemment fortement mal à l'aise par l'interprétation brute de Nathanaël, qui ne faisait preuve d'aucun tact en la matière. "Les criminels ont été appréhendés et punis en bonne et due forme. Je ne supporte que difficilement la vue du sang et des morts, mais j'ai tenu à être présent le jour de leur exécution." La froideur de cette remarque fit frissonner le Matoufeu. Alors comme ça, les tueurs conscients sont condamnés à mort ? Super l'ambiance. Heureusement qu'on m'a pas dit être l'assassin du Galopa. "Ma grand-mère est la seule que j'ai connue, mais j'étais très jeune quand la maladie m'a emportée. Elle n'a cessé de me raconter les histoires de ses aventures avec l'humain de la légende de Bourg-Trésor, quand je n'étais qu'un petit Goupix... Je les connais par coeur.
- Dites donc... Il a fait quoi, cet humain, au juste, pour être si reconnu que ça ? On m'en a vaguement parlé mais j'ai jamais trop eu les détails."

Sylvain se leva et vint se poster au bord du lac, le regardant avec sa fourrure lévitant. Nathanaël s'assit à ses côtés, le regardant pendant qu'il commença son récit : "Il y a de cela des années... Un humain amnésique métamorphosé en Lixy s'est éveillé au bord de la plage. Ma grand-mère, une jeune Goupix, l'a rencontré alors qu'elle venait pour profiter de la vision du soleil couchant. Pour te résumer... ils sont devenus partenaires, et des explorateurs de renom. Leurs aventures les ont portés dans toute la région.
- Wah, ça ressemble vachement à mon histoire," le coupa Nathanaël. "Mais il a pas cherché à rentrer chez lui ?
- Il n'avait aucun souvenir, rien à quoi s'accrocher ; ce monde est devenu sa demeure. Rien ne pouvait lui manquer, après tout." Le Matoufeu constata qu'il ne pensait pas du tout de la même façon, et cela l'intrigua, mais sans plus. Il y repenserait plus tard. "Quoi qu'il en soit... Ils ont un jour été lancés sur la piste d'un criminel, Massko, qui dérobait les rouages du temps. Ces artéfacts singuliers, une fois ôtés du donjon où ils étaient dissimulés, empêchaient le temps de s'y écouler et paralysaient la vie qui s'y trouvait." Ce n'est même pas la chose la plus étrange que j'ai entendue aujourd'hui. "Ils ont alors découvert que Massko, bien à l'opposé de ce qu'on disait de lui, était un bienfaiteur venu du futur. Le dieu du temps, Dialga, avait été rendu fou, et allait arrêter le temps lui-même, ce qui aurait alors eu des conséquences terribles. Pour éviter au monde d'être détruit, ma grand-mère et cet humain ont récupéré les rouages, sont partis à la Tour du Temps, et ont vaincu Dialga... Mais cela a eu pour conséquence de faire disparaître l'humain.
- Genre... il est retourné chez lui ?
- Non. Il a été purement effacé... et n'est jamais revenu.
- Oh. Super l'ambiance. Et ensuite ?
- Ma grand-mère a compris qu'elle était enceinte.
- Attends, mais de qui ?
- De lui.
- ... Quoi ?!"